(VOVworld)-Ce mercredi, la République Populaire Démocratique de Corée a réussi le lancement de Kwangmyongsong-3, un missile de longue portée, destiné à mettre sur orbite un satellite d'observation terrestre. Ce faisant, elle a littéralement pris de court la communauté internationale.
La fusée nord-coréenne Unha-3 lors de son lancement, le 12 décembre 2012 (photo : afp.com)
|
Il faut tout d’abord reconnaître que ce lancement n’était pas attendu aussi tôt. Ce lundi, la fenêtre de tir avait été élargie d’une semaine, c’est-à-dire jusqu’au 29 de ce mois, et ce, en raison de difficultés techniques. Les ingénieurs « ont détecté une défaillance technique dans le module de contrôle du moteur au premier étage », avait affirmé le comité des technologies spatiales de la République Populaire Démocratique de Corée pour justifier ce nouveau délai.
De son côté, l'institut américano-coréen de l'université Johns Hopkins avait indiqué que la neige abondante pourrait provoquer des retards dans les préparatifs. Les services de renseignement américains et sud-coréens avaient même détecté des hommes retirant une pièce de la fusée - on peut maintenant imaginer qu’elle a en fait été maintenue sous un filet de camouflage.
Le lancement ce mercredi par Pyongyang de Kwangmyungsang-3 a donc provoqué la stupeur au sein de la communauté internationale. Ce qui a beaucoup moins surpris, en revanche, ce sont les condamnations qui ont suivi. De nombreux pays ont parlé de « provocation » et ont pointé du doigt Pyongyang, coupable selon eux de non-respect des résolutions des Nations Unies relatives à l’interdiction de développer des missiles balistiques. S’exprimant par la voix de Hong Lei, porte-parole du ministère des Affaires Etrangères, la Chine a regretté ce lancement et a appelé toutes les parties concernées à faire preuve de retenue et à œuvrer au maintien de la paix et de la stabilité en péninsule coréenne. Même son de cloche du côté du ministère russe des Affaires Etrangères qui a exhorté les parties en présence à tout faire pour éviter un regain de tension.
Faisant fi des inquiétudes de la communauté internationale, Pyongyang s’est contenté de prendre acte de la réussite du lancement, en évoquant un grand pas en avant dans le domaine des sciences et des technologies. Le porte-parole du ministère des Affaires Etrangères a tout de même pris la peine de rappeler qu’il ne s’agissait de rien d’autre que d’une étape du dévelopement scientifico-technologique de la République Populaire Démocratique de Corée, et en aucun cas d’une course à l’armement déguisée. Le droit d’utiliser l’espace à des fins pacifiques est reconnu par le droit international et reflète la volonté de la communauté internationale, a-t-il fait observer, avant de réaffirmer que Pyongyang entendait bien faire valoir ses droits et appelait la communauté internationale à faire preuve de retenue pour éviter toute détérioration de la situation.
Cependant, d’après les analystes, le fait, pour Pyongyang, d’avoir réussi à mettre sur orbite un satellite revient à être désormais capable d’atteindre une cible donnée, technologiquement parlant, en tout cas.
C’est en tout cas la première fois que la République Démocratique Populaire de Corée réussit le lancement d’un missile de longue portée. Toutes les précédentes tentatives, en 1998, en 2006, en 2009 et en avril dernier s’étaient soldées par un échec.
Le bonheur des uns ne fait pas toujours celui des autres. C’est vrai en péninsule coréenne, plus que partout ailleurs dans le monde. Alors qu’au nord de la ligne de démarcation, on bombe le torse, au sud, on s’inquiète. « Jusqu’où ira ce missile ? », semblent se demander les Coréens.