(VOVworld) - Le populisme gagne du terrain en Europe.
Témoins les résultats d’élections législatives dans plusieurs pays, en
particulier depuis fin 2016. Partis démocratiques et organisations sociales s’alarment.
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Photo : AFP/AVI |
Le populisme est un style prisé par des personnalités
politiques qui aiment l’affrontement et qui surtout, font de la peur l’un de
leurs fonds de commerce électoraux, ce qui suppose - et en général ils ne s’en
privent pas - la désignation d’un bouc émissaire. N’étant basé sur aucun
système de valeurs susceptible de l’intégrer à telle ou telle idéologie, le
populisme est plutôt une manière d’être, qui se caractérise souvent par un
verbe haut et une argumentation pour le moins simpliste, et que l’on retrouve dans
tous les courants politiques (droite, gauche, progressiste, conservateur) sous
forme de partis contestataires ou de mouvements sociaux.
Pourquoi le populisme ?
La mondialisation a creusé des écarts significatifs entre
ceux qui en sont les bénéficiaires et ceux qui en sont les laissés-pour-compte.
Alors que le chômage menace les ouvriers et les employés, la classe moyenne
s’inquiète, elle, devant une certaine dégradation sociale. Mais cette crise
socio-économique est une véritable aubaine pour le populisme. Le modèle
européen qui devait garantir l’équilibre entre le marché et la sécurité sociale
n’a pas vraiment fonctionné. Certaines localités moins développées n’ont pas pu
résister à l’offensive de la mondialisation. Du coup, les conflits sociaux
augmentent. Conséquence : les classes ouvrière et moyenne sont les
premières à ne plus vouloir de l’Union européenne, dont ils font volontiers
leur tête de turc.
Le succès du populisme tel qu’on a pu le constater ces
derniers temps s’explique en premier lieu par la frustration de l’électorat, eu
égard à l’inefficacité des décisions prises par les partis au pouvoir ou au
niveau de concussion de l’élite politique. Cette frustration se traduit
notamment par le rejet des immigrés, l’islamophobie et l’hostilité
exprimée par de nombreuses personnes à l’égard du mariage homosexuel dans
plusieurs pays d’Europe. Le populisme a atteint son apogée en juin 2016
lorsqu’une majorité de Britanniques a décidé de quitter l’Union européenne.
Mais auparavant, le Premier ministre italien avait dû démissionner suite au
rejet de son plan de réforme constitutionnelle. Cet échec de Matteo Renzi a
marqué l’avènement de populistes qui battent en brèche les principes
socio-politiques et économiques traditionnels.
Nécessité d’une réaction concertée
Les observateurs craignent que le populisme ne se propage en
Europe. Même si les populistes n’ont pas remporté les dernières élections aux
Pays-Bas, ils sont sur le pied de guerre dans d’autres pays d’Europe. La
chancelière allemande, Angela Merkel, qui au cours des deux dernières années a
ouvert ses portes aux réfugiés, est candidate à sa propre succession. Mais ses
chances de l’emporter s’amenuisent, vu la montée d’AfD, un parti anti-immigrés
et anti-musulmans, à laquelle s’ajoutent de vives critiques au sein même de son
union chrétienne-démocrate.
Le Brexit est là aussi un autre chemin semé d’embûches. Le
divorce durera deux ans mais son début a déjà eu des répercussions sur les
perspectives de croissance du Royaume-Uni et sur ses espoirs de conclure des
accords de libre échange bilatéraux avec les pays hors Union européenne.
Divorcé de celle-ci, le Royaume-Uni devra élaborer de nouvelles politiques
commerciales, un processus qui devrait lui prendre 20 ans, selon des experts.
Et quand les partis au pouvoir sont à mal, les populistes,
eux, se frottent les mains. Le populisme ou la démagogie peut être considéré
comme un symptôme pathologique des démocraties occidentales, dans la mesure où
l’augmentation des inégalités sociales pourrait pousser les électeurs à des
choix extrêmes. Et si les gouvernements occidentaux ne redoublent pas d’efforts
pour résoudre les problèmes socio-économiques de leurs pays, le populisme ne
restera plus à l’état de spectre. Il provoquera certainement de nouveaux
ravages.