(VOVWORLD) - Des élections législatives ont eu lieu en Grèce le dimanche 21 mai, quatre ans après l'arrivée au pouvoir du parti de droite Nouvelle Démocratie, dirigé par le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. Ces élections, qui se déroulent dans un contexte particulièrement difficile en Europe, sont considérées comme un test sévère de la confiance des électeurs envers leur gouvernement et pourraient également poser de sérieux défis à Athènes et à l'Europe.
À un bureau de vote à Athènes, le 21 mai 2023. Photo: AFP/TTXVN |
Au total, 10 millions de Grecs sont allés aux urnes ce dimanche pour élire leur Parlement et leur Premier ministre. Pas moins de 36 partis politiques étaient en lice pour ces élections législatives. Selon les résultats, la Nouvelle Démocratie, au pouvoir depuis quatre ans, a remporté 40,8% des suffrages. Elle devance très nettement la gauche de l'ancien chef de gouvernement Alexis Tsipras, qui n'a recueilli que 20,1% des voix, ainsi que le parti socialiste PASOK-KINAL qui a enregistré un score de 11,6%. Cependant, cette victoire n’apporte pas au parti au pouvoir la majorité absolue au Parlement et Kyriakos Mitsotakis a appelé à de nouvelles élections «le plus tôt possible», «peut-être le 25 juin», refusant de procéder à un gouvernement de coalition avec un autre parti.
Context difficile…
Force est de constater que ces élections législatives se sont déroulées dans un contexte plutôt défavorable pour le gouvernement et le parti au pouvoir en Grèce. Sur le plan socioéconomique, tout comme la plupart des pays européens, la Grèce subit de nombreux effets néfastes dus à la pandémie de Covid-19 ainsi qu'à la crise en Ukraine. Plus grave encore, l'économie grecque est toujours confrontée à des difficultés croissantes après avoir été durement touchée pendant plus d'une décennie par la pire crise de la dette de son histoire. En conséquence, le taux de chômage augmente et le bien-être social est réduit. Ce n’est qu’en août 2022 que la Grèce est sortie de douze ans de surveillance économique renforcée de la Commission européenne. Relancer l'économie est sans aucun doute la tâche la plus difficile à l'heure actuelle pour tout nouveau gouvernement lors du prochain mandat.
Par ailleurs, depuis des mois, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis est sous pression en raison du scandale des écoutes téléphoniques illégales touchant certains politiciens, journalistes et entrepreneurs. La tension a atteint son paroxysme lorsque le Parlement grec a dû procéder, le 27 janvier dernier, à un vote de défiance à l'encontre du gouvernement, à la demande de l'opposition.
Bien que le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis ait survécu à ce vote, l'événement a révélé de graves divisions et contradictions entre les deux factions de la scène politique ainsi que dans la société grecque. Il s'agit également d'un grand défi pour le nouveau gouvernement grec.
Kyriakos Mitsotakis. Photo: Reuters |
Des perspectives…
Selon les analystes, les résultats des élections législatives reflètent les inquiétudes du public grec ainsi que de nombreux dirigeants européens. En d'autres termes, aucun parti politique n'a remporté plus de 50% des sièges nécessaires au Parlement pour former un gouvernement indépendant au cours des quatre prochaines années. Cela signifie que les trois partis ayant remporté le plus de sièges devront négocier entre eux ou avec d'autres partis pour former une coalition. Dans ce scénario, tout parti qui obtient le droit de former un gouvernement sera contraint de partager le pouvoir avec l’autre ou les autres parti(s) de la coalition, réduisant ainsi sa capacité à prendre des décisions de manière indépendante. De plus, il existe également un risque que la coalition au pouvoir s'effondre si elle ne parvient pas à s'entendre avec l’autre ou les autres parti(s) de la coalition en cas de conflit ou de désaccord.
Dès le dimanche 21 mai au soir, le Premier ministre sortant, Kyriakos Mitsotakis, a fait savoir qu'il refuserait de diriger un gouvernement de coalition. Le porte-parole du PASOK-KINAL, Dimitris Mantzos, a également déclaré qu'il n'y avait actuellement aucune possibilité de coopération entre les partis pour former une coalition gouvernementale. Il est donc fort probable que la présidente grecque se voit obligée de nommer un gouvernement intérimaire chargé de préparer de nouvelles élections.
Un second scrutin augmenterait les chances de victoire du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis et de son parti. De nombreux experts estiment que c'est le meilleur scénario pour la Grèce dans le contexte actuel. La Nouvelle Démocratie a prouvé sa compétence en aidant la Grèce à enregistrer une croissance de 5,1% l'année dernière, largement supérieure à la moyenne européenne de 2,6%.