(VOVworld)- La commission des affaires extérieures du Sénat américain a voté mercredi un texte qui autorise le président Barack Obama à intervenir en Syrie. Ce vote était l’étape indispensable à un examen en séance plénière par le sénat la semaine prochaine. L'issue des votes des deux chambres du Congrès reste incertaine. Ce vote d’hier, en plus de la mobilisation de l’armée à laquelle on a assisté ces derniers jours, laisse entrevoir l’imminence d’une attaque contre la Syrie.
Le président américain Barack Obama rencontre avec son équipe de "Homeland Security" pour discuter de la situation en Syrie.
(Photo: Reuters)
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C’est le recours par le régime de Bachar-al-Assad aux armes chimiques contre des civils qui a poussé la commission des affaires étrangères du sénat à voter ce texte qui autorise donc le président Barack Obama à intervenir en Syrie. Cette résolution n’autorise néanmoins pas le recours à l’infanterie et précise que l’intervention militaire n’est que de caractère dissuasif, visant à empêcher la Syrie de mener d’autres attaques chimiques. En vertu de ce texte, le président Barack Obama a le droit d’ordonner une attaque en Syrie dans une fenêtre limitée à 60 jours, avec une possibilité d'extension à 90.
Afin de convaincre la chambre des représentants du Congrès américain, le secrétaire d’Etat John Kerry et le secrétaire à la défense Chuck Hagel continuent à répondre aux interpellations à la commission des affaires extérieures de la chambre des représentants. A noter que le président américain Barack Obama avait auparavant reçu le soutien de deux parlementaires républicains: le président de la chambre des représentants John Boehner et le député Eric Cantor, qui ont déclaré l’un et l’autre leur soutien à l’intervention militaire préconisée par la Maison Blanche. John Boehner a d’ailleurs encouragé ses confrères à le suivre dans cette voie lors du vote organisé la semaine prochaine.
Entre temps, le porte-avion polyvalent américain à propulsion nucléaire, l’USS Nimitz, se dirige vers la mer Rouge, accompagné par toute une flotille de guerre. La marine américaine avait au préalable déployé un navire transporteur, l’USS San Antonio, susceptible de transporter des hélicoptères et des centaines de marines à l’Est de la Méditerranée, où se trouvent déjà 5 destroyers équipés de missiles de croisière prêts à ouvrir le feu une fois que le président américain en aura donné l’ordre.
Mais toutes ces évolutions ne signifient pas que l’administration de Barack Obama pourra gagner facilement le soutien des deux chambres du Congrès, lors du vote prévu lundi prochain sur l’intervention militaire en Syrie. Des deux chambres, le sénat, contrôlé par des sénateurs démocrates du président Obama, est considéré comme étant le plus malléable. La chambre des représentants, elle, est dominée par des parlementaires républicains et rassemble de nombreux conservateurs ayant déjà entravé, dans le passé, les politiques de Barack Obama. Elle pourrait bloquer de nouveau cette préconisation de la Maison Blanche, en dépit du soutien de ses dirigeants. Selon le sénateur républicain Bob Corker, le président américain n’est en rien assuré du soutien du congrès.
Côté opinion américaine, les sondages révèlent une véritable défiance de la part des Américains, vis-à-vis d’une éventuelle campagne de Syrie et des conséquences que celle-ci pourrait avoir. Selon les résultats du dernier sondage rendu public le 3 septembre par Reuters/Ipsos, 56% des personnes interrogées estiment que Washington D.C. ne doit pas intervenir en Syrie. Autre signe de ce peu d’entrain des Américains à fourbir les armes: des manifestations anti-guerre se produisent un peu partout dans le pays.
Sur le plan international, l’administration de Barack Obama se heurte également à des difficultés. Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a rappelé que la charte onusienne n’autorisait l’acte militaire que si celui-ci avait pour but d’auto-défense ou que s’il recevait l’aval du conseil de sécurité. De son côté, le président russe Vladimir Poutine a fait valoir que si les Etats-Unis et l’Occident avaient des preuves contre le gouvernement syrien, celles-ci devaient être présentées devant le conseil de sécurité. Une attaque militaire américaine en Syrie, sans l’aval des Nations Unies, serait donc considérée comme une invasion, a-t-il martelé. Le président russe n’a pas non plus écarté la possibilité que Moscou poursuivent des livraisons de missiles sol-air S-300 à la Syrie. Parallèlement à cette déclaration, le ministère russe de la Défense a décidé d’augmenter le nombre de navires de reconnaissance militaire en Méditerranée.
Il semble bien que la Syrie est au bord de l’embrasement. Et encore une fois, ce sont les populations civiles qui auraient le plus à en pâtir. Autant dire que cette attaque n’est pas justifiée!