(VOVworld) - La situation est devenue compliquée et même inquiétante en Ukraine. La vague de séparatisme partie de la Crimée a gagné la région russophone de l’Est du pays ces derniers jours. Des milliers de pro-russes sont descendus dans la rue pour réclamer l’indépendance. Ces récentes évolutions font craindre un scénario “à la criméenne”, susceptible de raviver les tensions entre la Russie et l’Occident. Et en attendant, Kiev se retrouve au bord du précipice.
Des manifestants à Kiev, en Ukraine, le 2 décembre 2013. Ivan Sekretarev/AP/SIPA
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Le chaos domine toujours Donetsk, une ville d’habitude tranquille située au bord de la rivière Kalmius. Les manifestants occupent les bâtiments administratifs et réclament la fondation d’une République populaire de Donetsk. Un référendum sur le rattachement de ladite république à la Russie a même été fixé pour le 11 mai prochain. Même situation dans les villes de Kharkiv et Lougansk où les pro-russes misent sur un scénario à la criméenne. Face à cette vague de séparatisme, Kiev a lancé mercredi un ultimatum aux manifestants en leur donnant 48 heures pour évacuer des bâtiments publics. Le régime a, par ailleurs, precisé que le problème serait réglé soit par la négociation, soit par la force.
Vers un scénario à la criméenne?
Ces récentes évolutions dans l’Est du pays font craindre à Kiev et à l’Occident une éventuelle intervention militaire de Moscou en Ukraine, près d’un mois après le rattachement de la Crimée à la Russie. Washington a d’ailleurs prévenu que si la Russie allait plus loin en Ukraine, les conséquences pourraient être graves. Les Etats-Unis comptaient aussi dépêcher ce jeudi un bâtiment de guerre en mer Noire. L’Occident accuse toujours la Russie d’être derrière le chaos qui agite l’Est de l’Ukraine et menace de renforcer les sanctions contre Moscou. L’Union Européenne a ainsi annoncé qu’elle élargirait sa liste noire de personnalités russes et pro-russes impliquées dans les violations faites à la souveraineté ukrainienne. La liste en question comprend des parlementaires, des officiels du gouvernement, des responsables de la sécurité et de la défense, des hommes d’affaires et des journalistes. Ces derniers se verront interdits d’entrée en Union Européenne, et leurs comptes bancaires dans les banques européennes seront gelés. Pour sa part, le gouvernement de Kiev entend de saisir la Cour Internationale de Justice contre Moscou.
Lundi, la Russie a demandé aux nouvelles autorités de Kiev de cesser d'accuser Moscou d'être responsable de tous les problèmes de l'Ukraine, en avertissant qu’un recours à la force contre les manifestants pourrait entraîner une guerre civile. Le gouvernement russe a également déclaré qu'il n'avait aucune intention d’envahir l’Ukraine tout en se réservant le droit de protéger les populations d'origine russe y vivant.
Une issue à la crise
Selon les analystes, les confrontations entre la Russie et l’Occident se poursuivront dans les jours qui viennent tant que les deux parties camperont sur leurs positions. La Russie a affirmé qu’elle ne reconnaîtrait jamais le gouvernement de Kiev. Quant à l’Occident, il qualifie d’annexion le rattachement de la Crimée à la Russie. Des positions pour le moins antagonistes, donc.
Cependant, de nouvelles évolutions ayant récemment eu lieu font espérer une baisse des tensions entre Kiev et Moscou. Mercredi, le président russe Vladimir Poutine a donné l'ordre au géant gazier Gazprom de ne pas exiger que l’Ukraine règle à l'avance ses approvisionnements en gaz. Kiev n'a en effet pas encore réglé sa facture du mois de mars s'élevant à 2,2 milliards de dollars. De l’avis des observateurs, Moscou a voulu jouer la carte de la prudence et de l’apaisement. L’Ukraine étant au bord de la faillite, un nouveau délai de paiement double d’une aide financière de 15 milliards de dollars promise par Moscou pourrait faire changer l’attitude du gouvernement de Kiev, d’autant plus que le paquet d’urgence du FMI s’accompagne de conditions rigoureuses. De plus, des discussions entre Russes, Américains, Ukrainiens et Européens pourraient avoir lieu dès la semaine prochaine. L’opinion publique est en droit d’en attendre des marques de bonne volonté de part et d’autre.