(VOVworld) - La restructuration des investissements publics et des entreprises d’Etat est considérée comme l’un des enjeux majeurs du projet global de restructuration de l’économie vietnamienne. Elle était aussi le thème d’une conférence organisée hier à Hanoi, avec la participation de plus de 100 scientifiques et économistes.
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Au Vietnam, les investissements publics sont basés sur 3 ressources principales : le budget d’Etat, qui représentait 40% des investissements publics de 1995 jusqu’à l’an dernier, des emprunts provenant des obligations gouvernementales et enfin, des emprunts de l’étranger qui occupaient jusqu’à 37% du total en 2010. Mais les investissements publics éparpillés et peu efficaces ont fait exploser la dette publique ces dernières années. Fin 2010, la dette publique du Vietnam occupait en effet jusqu’à 57% du PIB. De l’avis de l’économiste Vũ Đình Ánh, ces derniers temps, elle a même continué à augmenter alors que les investissements publics ont plutôt eu tendance à baisser. En fait, de nombreux projets nécessitant des investissements publics en sont au point mort, par défaut, justement, de paiement de dettes ou d’intérêt. Du coup, le déficit budgétaire s’accroît. Toujours selon Vũ Đình Ánh, si la dette publique continue à augmenter, les finances vietnamiennes seront en péril. La restructuration des investissements publics doit donc se traduire par une plus grande efficacité : "L’envergure des investissements publics pour les 5 ou 10 ans à venir dépend de la croissance économique. Nous continuerons de maintenir les ressources budgétaires pour les investissements publics, mais dans une moindre mesure. Nous devons par contre veiller à l’efficacité des projets mis en oeuvre en privilégiant notamment les projets liés aux infrastructures qui sont rentables et solvables. Comme ça, il y aura moins de risques."
De l’avis de nombreux économistes, le Vietnam se doit également de contrôler sévèrement les investissements publics. Trần Đình Thiên, directeur de l’Institut d’Economie du Vietnam : "Le plus important, c’est l’efficacité des investissements et non pas leur volume. Comme l’Etat investit dans trop de projets, il ne peut pas les gérer de façon efficace. Avec une même enveloppe, nous devons classifier les projets suivant leur importance. Il faut par ailleurs penser aux opportunités et au principe de l’économie du marché lorsque nous décidons d’investir dans tel ou tel projet."
Pour ce qui est des entreprises d’Etat, elles doivent être les vertèbres dorsales de l’économie nationale. Cependant, depuis plusieurs années, certaines d’entre elles ont brillé par leur manque d’efficacité tout en engrangeant des crédits alloués par l’Etat. Selon l’ancien ministre du commerce Truong Dinh Tuyen, il faut déterminer quels sont les secteurs qui ont besoin de la participation des entreprises étatiques et quel doit alors être le taux de participation de ces entreprises. Parallèlement à l’actionnarisation de ces entreprises, il faut également penser à les mettre dans un environnement de concurrence sur un pied d’égalité avec des entreprises des autres composantes économiques. Il est aussi nécessaire de réformer la méthode d’administration des entreprises d’Etat. Selon l’ancien ministre du Plan et de l’Investissement Tran Xuan Gia, les entreprises d’Etat sont indispensables dans les domaines liés à la défense et à la sécurité nationales ou dans des endroits importants pour le développement national mais où les entreprises privées ne veulent pas ou ne peuvent pas investir. Pour les autres domaines, il faut les laisser au privé, l’Etat devant se contenter de gérer et de percevoir les impôts. Le Dang Doanh, économiste : "Les investisseurs doivent concentrer leurs capitaux dans un domaine fort : la compagnie d’électricité ou le groupe pétrolier du Vietnam ne doivent pas investir dans l’immobilier ou dans la bourse. Or, à l’heure actuelle, ces types d’investissements hors secteur s’élèvent à 20 mille milliards et il faut donc retirer les capitaux, à la demande du Premier Ministre. Prochainement, les entreprises d’Etat devront concentrer leurs investissements dans des domaines phares, pour accomplir les tâches qui leur sont confiées."
Les économistes ont aussi conseillé aux entreprises d’Etat de réformer leur gestion, de mieux s’administrer, de faire un effort de transparence, de recourir à des audits indépendants et de veiller au développement de leur marque commerciale et aux nouvelles technologies, tout cela devant être gage d’efficacité.
Hong Van