Réunions de Printemps du FMI et de la BM: Enjeux et perspectives pour l’économie mondiale

(VOVWORLD) - Les Réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) se tiennent du 21 au 26 avril à Washington, aux États-Unis. Dans un contexte de turbulences économiques mondiales, cette édition est particulièrement attendue, car elle devrait fournir des signaux plus clairs sur les perspectives de croissance mondiale pour 2025.

Parmi les deux grands rendez-vous annuels du FMI et de la Banque mondiale, les Réunions de printemps réunissent des acteurs de divers horizons — dirigeants du secteur public (banques centrales, ministères des finances et du développement, parlementaires), représentants du secteur privé, membres d’organisations de la société civile et experts issus du monde académique — pour débattre des grands dossiers internationaux: conjoncture économique, gouvernance publique mondiale, ou encore reconstruction post-conflit dans plusieurs pays.

Interrogations autour de la récession

Dans un contexte de fortes tensions commerciales mondiales, exacerbées par les nouvelles politiques tarifaires de l’administration américaine, les Réunions de printemps doivent répondre à une question centrale: l’économie mondiale risque-t-elle de sombrer dans la récession dès cette année, comme l’ont prédit plusieurs analyses pessimistes?

Une première réponse a été apportée par la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, lors d’un point presse le 17 avril, à la veille de l’ouverture de l’événement. Selon elle, malgré l’impact des droits de douane imposés par le président américain Donald Trump, l’économie mondiale pourrait encore éviter la récession.

«Ce que nous voyons actuellement, c’est une économie qui fonctionne réellement. Le marché du travail reste assez solide. Un autre point crucial à souligner est que le système financier tient bon malgré les tensions. Pourquoi? Parce qu’après la crise financière de 2008, de nombreuses réformes ont été mises en place pour renforcer le système et lui permettre de faire face à des situations comme celle-ci», a-t-elle dit.

Réunions de Printemps du FMI et de la BM: Enjeux et perspectives pour l’économie mondiale - ảnh 1La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva. Photo: THX/TTXVN

Dans ses dernières prévisions économiques mondiales, publiées fin 2024, le FMI table sur une croissance de 3,3% pour l’économie mondiale cette année et en 2026, tandis que l’inflation devrait atteindre 4,2% en 2025, puis 3,5% en 2026. Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du FMI, estime que les tensions commerciales actuelles pourraient provoquer une hausse de l’inflation à court terme, freinant ainsi la croissance mondiale par rapport aux prévisions précédentes, sans toutefois entraîner de récession. Cependant, selon les dirigeants et experts du FMI, même si l’économie mondiale montre une certaine résilience face aux turbulences actuelles, il est crucial de mettre fin à l’incertitude persistante qui pèse sur les investisseurs. Kristalina Georgieva considère que les inquiétudes actuelles autour d’une récession mondiale tiennent davantage à une question de perception psychologique qu’à des faits économiques concrets. Elle insiste sur la nécessité d’éliminer les politiques qui entretiennent cette incertitude. 

«Il est essentiel de réduire rapidement tout ce qui nourrit cette inquiétude. Une leçon que j’ai tirée des crises passées est que la psychologie et la perception sont tout aussi importantes que la réalité. Même si la situation réelle est favorable, une perception négative peut avoir des conséquences néfastes», a-t-elle indiqué.

Face à cette situation, la directrice du FMI a appelé l’ensemble des pays à «se réorganiser» en ajustant progressivement leurs politiques fiscales pour réduire la dette et maintenir une politique monétaire flexible et crédible. Elle a également souligné la nécessité de prioriser la résolution des déséquilibres macroéconomiques, qu’ils soient internes ou internationaux.

Financement et reconstruction

Au-delà de la guerre commerciale, les Réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale abordent cette année plusieurs autres enjeux majeurs: projets de financement, investissements étrangers, annulation de la dette pour les économies les plus pauvres, lutte contre le changement climatique, ainsi que soutien aux pays en conflit et post-conflit.

Parmi les sujets principaux figure la reprise de l’aide du FMI et de la Banque mondiale à la Syrie, pays du Moyen-Orient en transition après la chute du régime de Bashar Al-Assad fin 2024. Le nouveau gouvernement syrien, en place depuis plusieurs mois, a initié des réformes jugées plus ouvertes sur les plans intérieur et international, ouvrant la voie à une réintégration du pays dans l’économie mondiale.

Selon Abdallah Dardari, assistant du secrétaire général du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), une table ronde sur le financement de la reconstruction de la Syrie sera organisée dans le cadre des Réunions de printemps, afin de mobiliser des fonds du FMI, de la Banque mondiale, d’institutions multilatérales ainsi que de plusieurs pays donateurs.

Réunions de Printemps du FMI et de la BM: Enjeux et perspectives pour l’économie mondiale - ảnh 2Les questions tarifaires dominent les réunions de printemps du FMI et de la BM. Photo: FMI

Le PNUD prévoit d’allouer 1,3 milliard de dollars à la Syrie sur les trois prochaines années, tandis que le gouvernement saoudien a récemment réglé une dette d’environ 15 millions de dollars que la Syrie devait à la Banque mondiale. Ces efforts visent à faciliter l’accès de la Syrie aux financements internationaux. 

«Cette table ronde ne concerne pas seulement les questions financières, elle représente surtout un signe de soutien et de solidarité, d’autant plus qu’elle est soutenue par la Banque mondiale et le gouvernement saoudien. Cela envoie un message au monde et au peuple syrien, leur montrant qu’ils disposent des plus grandes institutions financières prêtes à les aider», a déclaré Abdallah Dardari.

Un autre pays susceptible de capter l’attention cette année lors des discussions est l’Argentine. Début avril, le pays a conclu un accord de prêt de 20 milliards de dollars avec le FMI pour restructurer sa dette et renforcer sa Banque centrale. Toutefois, cet accord s’accompagne de conditions, notamment l’assouplissement des contrôles sur les changes et la levée de la gestion du taux de change du peso face au dollar américain.

En revanche, certains thèmes récurrents des Réunions de printemps, comme le financement vert pour les pays en développement ou la restructuration de la dette des pays pauvres, pourraient cette année passer au second plan.

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