Sommet de l’UE: à quand la sortie du tunnel?

Les dirigeants des pays de l’Union Européenne doivent se réunir demain à Bruxelles pour ce qui pourrait bien être le sommet de la dernière chance pour la zone euro. Mais jusqu’à présent, la France et l’Allemagne, qui passent pour être les deux piliers de l’Europe des 27, peinent à trouver une voix commune sur un certain nombre de questions, ce qui laisse planer le doute quant aux résultats du sommet en question.

La crise de la dette publique a fait apparaître le talon d’Achille de l’Union Européenne qui n’en finit pas d’étaler ses divergences internes au grand jour. Malgré une kyrielle de mesures prises au cours des sommets précédents, il n’y a aucun signe d’amélioration en vue. Lors du dernier sommet, le 27 octobre dernier, les dirigeants de l’Union Européenne avaient convenu d’augmenter le capital du fonds européen de stabilité financière en le portant à mille milliards d’euros et de restructurer de la dette publique de la Grèce. Malheureusement, ces décisions sont restées lettre morte et la détermination a fait place à un climat pour le moins alarmiste et à des rumeurs de naufrage de la zone euro auxquels le sommet de vendredi est censé apporter une réponse énergique. L’Europe des 27 opte désormais pour une approche plus pragmatique: soit les 27 pays membres, soit au moins 17 d’entre d’eux, doivent parvenir à un accord sur une discipline budgétaire communautaire, l’accord en question pouvant donner lieu ensuite à un réexamen du traité de Lisbonne. Il s’agit ni plus ni moins de définir de nouvelles règles de fonctionnement pour l’Union Européenne en général et pour la zone euro en particulier. Mais pour ce faire, la France et l’Allemagne devront exercer tout leur pouvoir de persuasion sur leurs partenaires. Encore faudrait-il qu’ils aient réussi au préalable à s’entendre pour parler d’une même voix. Si de Paris à Berlin, l’idée d’un nouveau traité européen comportant des clauses plus rigoureuses sur le contrôle des déficits budgétaires semble acquise, Français et Allemands divergent profondément sur les moyens d’atteindre cet objectif. L’Allemagne souhaite instaurer un mécanisme de supervision financière rigoureux, assorti de sanctions. Pour beaucoup, ce souhait est légitime dans la mesure où l’Allemagne est le plus important bailleur de fonds du vieux continent. Mais la France souhaite de son côté que ce soit aux pays membres que revienne les décisions, et non à la Commission Européenne. Autre pomme de discorde: la chancellière allemande Angela Merkel préconise une réforme des traités par chacun des 27 membres de l’Union Européenne. «Aventureux», estime le président français Nicolas Sarkozy qui craint de voir la Grande-Bretagne opposer son droit de véto, non sans raison, d’ailleurs, si l’on en juge par le peu d’enthousiasme manifesté par Londres face à toutes ces propositions. Il faut par ailleurs reconnaître que, comme l’ont fait remarquer les Pays-Bas et l’Irlande, la procédure référendaire- car c’est bien de cela qu’il s’agit- comporte des risques, et que dans le passé, elle a déjà coûté cher à l’Union.

Au seuil de ce sommet, le président français et la chancellière allemande se sont rencontrés jeudi, à Marseille, au sud-est de la France, dans le cadre du congrès du parti populaire européen, pour afficher leur détermination politique et pour essayer de se convaincre mutuellement avant d’avoir à convaincre leurs alter-egos européens pour sauver la monnaie unique. Les marchés attendent évidemment beaucoup de ce sommet de demain. Si les 27 ne parvenaient qu’à un demi-compromis, la crise de la dette publique s’aggraverait et certains pays membres de l’Union Européenne seraient obligés d’envisager la banqueroute. A quand la sortie du tunnel donc?./.

Đoàn Trung

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