(VOVWORLD) - Le conflit en Ukraine, le plus grand affrontement armé en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a franchi le cap des trois ans ce lundi 24 février. Alors que les combats continuent de faire rage sur le terrain, l’espoir d’un accord de paix et de la fin des hostilités est plus fort que jamais, soutenu par l’impulsion du nouveau gouvernement américain.
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Photo: AFP/TTXVN |
Un tournant vers la paix
Le 24 février 2022, le conflit en Ukraine a éclaté lorsque la Russie a lancé une "opération militaire spéciale", déclenchant un bouleversement géopolitique et sécuritaire majeur en Europe, avec des répercussions considérables sur les relations internationales.
Trois ans plus tard, le conflit a engendré des conséquences dramatiques sur le plan humain et économique, en particulier pour l’Ukraine. Fin 2024, plusieurs grandes institutions financières estiment que la reconstruction du pays après le conflit pourrait coûter près de 500 milliards de dollars, en raison de la destruction massive de son économie, notamment des infrastructures industrielles et énergétiques. Des millions d’Ukrainiens ont été contraints de fuir leur pays.
Du côté russe, le poids du conflit et les sanctions occidentales exercent une pression considérable sur son économie, tant à court qu'à long terme. L’Europe et le reste du monde restent confrontés au risque permanent d’une catastrophe sécuritaire mondiale, alors que l’escalade militaire devient de plus en plus préoccupante.
Pourtant, trois ans après le début du conflit, la situation en Ukraine semble prendre un tournant décisif, susceptible de rapprocher les parties d’un accord de paix. Cette dynamique est portée par la nouvelle administration américaine. Moins d’un mois après son investiture, le président Donald Trump s’est entretenu par téléphone avec son homologue russe, Vladimir Poutine, le 12 février, amorçant des négociations en vue de mettre fin au conflit. Quelques jours plus tard, le 18 février, des délégations diplomatiques de haut niveau des États-Unis et de la Russie se sont retrouvées à Riyad, en Arabie Saoudite. Un entretien direct entre les deux dirigeants pourrait avoir lieu dans les semaines à venir.
Donald Trump, qui a adopté une approche radicalement différente vis-à-vis de la Russie, a fait de la résolution du conflit en Ukraine une priorité. Il a promis de mettre la pression sur Moscou et Kiev pour les amener à la table des négociations.
"Je pense que les présidents Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky devront se parler. Nous devons mettre fin à la perte de millions de vies. C’est pour cette raison que je souhaite un cessez-le-feu, et je crois que nous avons une réelle chance d’y parvenir."
Pour faire avancer les discussions, l’administration américaine a mené des négociations directes avec la Russie afin de redéfinir les relations bilatérales, tout en exerçant des pressions sur l’Ukraine pour qu’elle accepte certaines concessions, à la fois économiques et sécuritaires. Parallèlement, Washington a exhorté l’Europe à assumer une plus grande responsabilité en matière de sécurité, en augmentant ses dépenses de défense et en élaborant des plans pour garantir la stabilité de l’Ukraine après le conflit. Selon les analystes, l’objectif ambitieux des États-Unis est de parvenir à un accord avant Pâques, fin avril.
Un défi majeur pour l’Europe
Bien que toutes les parties souhaitent mettre fin au conflit, la question reste de savoir à quelles conditions cette paix sera obtenue. L’exclusion de l’Ukraine et de l’Europe des premières négociations entre les États-Unis et la Russie, ainsi que la pression exercée par Washington sur Kiev concernant un accordsur les mineraisde500 milliards de dollars, suscitent de nombreuses inquiétudes en Europe. Cela soulève également des interrogations sur l’unité et la capacité des pays européens à gérer la crise ukrainienne.
La semaine dernière, deux sommets ont eu lieu à Paris, réunissant notamment le Royaume-Uni, sorti de l’UE en 2016, et le Canada, membre de l’OTAN, pour discuter des solutions possibles. Toutefois, ces réunions n’ont abouti à aucun résultat concret, et les pays européens restent divisés face à la nouvelle approche américaine.
Cette semaine, l’Europe fait face à l’un de ses plus grands défis, avec la visite du président français Emmanuel Macron et du Premier ministre britannique Keir Starmer aux États-Unis. Leur objectif: convaincre Donald Trump de soutenir la stratégie de sécurité européenne. Ce plan prévoit que les États-Unis apportent des garanties pour le déploiement de troupes européennes de maintien de la paix en Ukraine, dans le cadre d’un éventuel cessez-le-feu.
Cependant, selon Philip Golub, professeur de relations internationales à l’Université américaine de Paris, les chances que l’Europe parvienne à infléchir la position de Donald Trump restent faibles.
"L’administration américaine considère l’Europe comme un acteur secondaire en politique mondiale. Pour les États-Unis, la priorité reste ses relations avec les superpuissances, notamment la Chine et la Russie. C’est ainsi que Donald Trump et son administration perçoivent la situation. Par conséquent, même s’ils écouteront Emmanuel Macron, il est peu probable qu’ils fassent des concessions majeures aux Européens. Je ne pense pas que ce voyage changera grand-chose."
Partageant cet avis, Armida Van Rij, directrice du programme Europe à l’Institut Chatham House (Royaume-Uni), estime que les récentes évolutions confirment une tendance irréversible à la réduction de l’engagement sécuritaire des États-Unis envers l’Europe. Selon elle, la résolution du conflit en Ukraine constituera un test décisif pour l’UE: saura-t-elle prendre en charge la sécurité du continent et défendre ses intérêts, ou acceptera-t-elle d’être marginalisée dans ce jeu de puissances?