(VOVWORLD) - Le 26e Congrès mondial de l’énergie s’est tenu du 22 au 25 avril à Rotterdam, aux Pays-Bas, marquant ainsi le 100e anniversaire du Conseil Mondial de l'Énergie. Alors que la transition énergétique est devenue l’une des grandes urgences du monde, le congrès a réuni plus de 7000 délégués, dont 70 ministres et 200 responsables industriels, autour du thème «Repenser l’énergie pour la planète et l’humanité».
Angela Wilkinson, la secrétaire générale du Conseil Mondial de l'Énergie. Photo: petrotimes.vn |
Pas d’itinéraire unique pour la transition énergétique…
Pendant quatre jours, une bonne soixantaine de débats ont été organisés, portant sur cinq sujets majeurs: les nouvelles réalités de la transition énergétique mondiale; la création d’un mécanisme destiné à mieux associer les sources d’énergie, les solutions et les services; l’engagement des populations et des communautés en faveur de la transition énergétique mondiale; la sécurité énergétique, les capacités d’approvisionnement et la pérennité des ressources; et enfin, la réduction des écarts en vue d’une transition énergétique plus rapide, plus équitable et plus inclusive.
Angela Wilkinson, la secrétaire générale du Conseil Mondial de l'Énergie, a invité les participants à partager leurs réflexions sur les enjeux actuels.
«Il n’existe pas de chemin unique pour la transition énergétique, chaque région, chaque pays ayant un point de départ différent, des intérêts et des besoins différents. Mais force est de constater que tous rencontrent des difficultés. Les enjeux sont de taille. Il ne s’agit pas de remplacer une technologie par une autre, mais de procéder à un changement majeur», a-t-elle souligné.
Au cours des discussions, les participants ont insisté sur l’urgence d’intégrer les dernières solutions technologiques à des stratégies financières ambitieuses afin de stimuler la transition énergétique mondiale. Plusieurs groupes énergétiques ont exhorté les gouvernements à proposer des garanties à plus long terme au secteur privé pour l’encourager à investir dans les énergies renouvelables. En parallèle, ils ont plaidé pour un renforcement du dialogue avec les gouvernements. Les groupes énergétiques craignent en effet une aggravation des divergences avec les décideurs politiques, une crainte alimentée notamment par le vote du 24 avril du Parlement européen en faveur du retrait de l’Union européenne du Traité sur la charte de l’énergie. Le fait est que l’Union européenne veut se retirer de ce traité au motif qu’il protégerait les intérêts des sociétés énergétiques et ne conviendrait plus à ses ambitions climatiques.
… ni de consensus politique mondial
Par ailleurs, plusieurs intervenants ont dénoncé une politisation des coopérations énergétiques, dans un monde marqué par de fortes perturbations géopolitiques. Selon Carole Nakhle, directrice de la société Crystol Energy basée à Londres, les États se livrent désormais à une concurrence stratégique visant à contrôler les réserves minérales importantes du monde. Dans ce contexte, les minerais essentiels à la transition énergétique, tels que le lithium, le nikel ou le cobalt, tendent à devenir des outils du nationalisme, accentuant les risques de rupture des chaînes d’approvisionnement. Andy Brogan, stratège en énergie et ressources mondiales auprès du groupe Ernst&Young, partage cette analyse…
«Dans le trio des grandes problématiques de l’énergie, composé de la sécurité énergétique, de la sécurité des sources d’approvisionnement et de la durabilité, la sécurité des sources d’approvisionnement s’avère être la plus importante. Tous les gouvernements se sont rendus compte de l’impératif de maintenir cette sécurité, dans n’importe quelle situation», a-t-il noté.
De son côté, le secrétaire exécutif de l’Organisation de l'Énergie d’Amérique Latine, Andres Rebolledo, a également exprimé son inquiétude face aux concurrences géopolitiques qui entravent les efforts de transition énergétique mondiale. Il a pris l’exemple de l’Amérique latine, qui occupe 25% des réserves mondiales de minerais essentiels à la transition énergétique. Face aux concurrences des grandes puissances, les pays de la région hésitent désormais à mener des projets de coopération d’envergure avec des partenaires extérieurs, au détriment de leur processus de transition énergétique, a indiqué Andres Rebolledo.