(VOVworld) - Je suis ravie de vous retrouver dans ce rendez-vous du mercredi. On a repris la semaine dernière le contact avec trois amis français : Paul Jamet, Maurice Mercier et Bernard Watelet. Ils ont suivi fidèlement nos émissions sur les ondes courtes et nous ont indiqué que la réception était bonne.
Eric Rydahl, un ami danois souhaite en savoir plus sur le « Musée des souvenirs de guerre » de Ho Chi Minh-ville.
Appelé à l’origine « Maison des crimes de guerre de l’impérialisme américain et du gouvernement de Saïgon », puis « Musée des atrocités américaines » et « Musée des crimes de guerre américains et chinois », le Musée des vestiges de guerre constitue l’une des adresses les plus visitées au Vietnam. Le site se trouve au 28 rue Vo Van Tan, non loin du Palais de la Réunification, à Ho Chi Minh-ville. Vous trouverez des centaines de photos qui illustrent l’atrocité de la guerre et ses terribles conséquences.
Après avoir traversé la cour où gisent blindés américains, guillotine française et cage sud-vietnamienne, on découvre l’intérieur de ce grand immeuble qui était autrefois le siège de l’US Information Service. Un nombre impressionnant de visiteurs peuple l’endroit pourtant étonnamment silencieux.
Si vous désirez effectuer une visite logique, mieux vaut commencer par le dernier étage où figure la chronologie des vingt années de guerre qu’ont connues les Vietnamiens depuis la déclaration d’indépendance du Vietnam par le président Ho Chi Minh en 1945 jusqu’au chute du régime de Saïgon en 1975. L’exposition, qui a d’ailleurs été ouverte à cette date, aborde la fin de la colonisation et s’attarde surtout sur l’intensité des frappes américaines, schémas et chiffres à l’appui. Une folie que quelques photos commencent à illustrer dès cet étage, mais ce n’est rien comparé à ce qui vous attend au rez-de-chaussée.
L’étage d’en dessous est consacré à l’extraordinaire travail réalisé par les photographes et les reporters de guerre de l’époque, qui, au travers de leurs clichés, ont réussi à faire prendre conscience au monde de ce qui se passait au Vietnam. Jamais une guerre n’avait été couverte de cette manière, l’enfer des champs de bataille sur fond de jungle ou de rizières, et le courage des photographes qui n’hésitaient pas à se retrouver en première ligne ont contribué à cette médiatisation magnifiquement reproduite ici.
Une volée d’escalier plus bas et vous voilà dans une grande salle dédiée au mouvement anti-guerre. Affiches pacifistes, photographies de manifestations, paperasses administratives… Ces documents d’archives témoignent de l’impressionnante vigueur des protestations qui se sont déroulées dans le monde entier. Une certaine beauté se dégage de ces multiples preuves de l’union des peuples toutes nationalités confondues contre la rage du gouvernement américain.
Vous voilà arrivé au rez-de-chaussée. Sachez que ce qui est exposé ici est d’une rare violence et que vous ne ressortirez pas indemne de la visite. Au travers de dizaines et dizaines de photographies, vous découvrirez les horribles conséquences de la guerre. Les corps mutilés jouxtent les armes de guerre. Les récits d’actions purement criminelles semblent irréels tant ils sont inhumains. Mais le pire de tout arrive avec la dernière partie consacrée aux dégâts causés par l’agent orange/dioxine, cet herbicide crée par la multinationale Monsanto et utilisé pour dessécher la forêt et débusquer les ennemis qui s’y cachaient. Ce type d’opérations débuta en 1961 et s’intensifia dans les années qui suivirent pour atteindre au total près de 80 millions de litres déversés sur 20% des forêts dans la partie sud du Vietnam et 400.000 hectares de terrain agricole.
Les conséquences de cette guerre chimique sur les populations vietnamiennes sont terribles, nombre d’enfants nés de parents ayant été au contact de ce produit ont des malformations atroces. L’horreur de ces dernières ne vous sera pas épargnée, les photos parlent d’elles-mêmes et ne peuvent laisser personne indifférent, mais juste au cas où, les autorités ont pris soin d’exposer deux fœtus difformes figés dans le formol. Les soldats américains ayant également été touchés par l’utilisation de ce défoliant et dédommagés par le gouvernement américain, les Vietnamiens demandent aujourd’hui le même traitement et ont mis une pétition à disposition des visiteurs pour que ces derniers puissent les soutenir dans leur action.
Ce musée fait partie de la mémoire qui ne peut pas se perdre ...Puisse cet endroit servir aux gouvernements à cesser de faire la guerre, d’acheter des armes, et de créer de la douleur et de la souffrance.