Ca tru: quand la jeunesse participe à la préservation d’un art ancien

(VOVworld) – Né il y a mille ans, le ca trù, qui est une forme de poésie chantée, aura survécu à de nombreuses vicissitudes de l’histoire. En 2009, l’UNESCO l’a qualifié de chef d’oeuvre culturel immatériel de l’humanité, un chef d’oeuvre qui nécessite une sauvegarde urgente. Car, il y a vraiment urgence. Pour redonner à cet art une deuxième jeunesse, il faudra énormément d’efforts, surtout de la part… des jeunes.

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Photo: Académie nationale de musique du Vietnam

“Au début de ce siècle, le ca trù était déjà sur le point de péricliter, explique Le professeur To Ngoc Thanh, un grand spécialiste du folklore. Même en comparaison avec d’autres arts traditionnels, le ca trù est bien plus fragile puisque pendant une certaine période, il a été complètement éliminé de la vie sociale. Lui rendre la place qu’il mérite n’est pas du tout simple. D’autant plus que c’est l’ère du karaoke, de MTV et des musiques de tous genres. Pour que le ca trù puisse renaître, nous devons tout d’abord retrouver les connaisseurs. Aussi entendons-nous commencer par le milieu des personnes d’un certain âge. Le ca trù doit au moins avoir son public qui pourrait à terme se rajeunir.”

Selon le professeur Thanh, si le ca trù perdure jusqu’à nos jours, c’est grâce à des efforts inestimables de plusieurs générations d’artistes. Le pays compte aujourd’hui 63 corporations d’artistes et clubs de ca trù composés de plus de 700 membres, et répartis dans 15 villes et provinces. C’est à Hanoï que cet art est le mieux préservé. Et à Hanoï, c’est la corporation familiale de Thai Ha qui est la plus puissante. Depuis 7 générations, elle s’adonne au ca trù avec une foi qui ne s’est jamais démentie, malgré tous les hauts et les bas de l’histoire. Nguyen Kieu Anh, 17 ans, fait partie de la 7ème génération. “Jeune comme je suis, je m’intéresse à différents arts, dit-elle. Mais dans ma famille, le ca trù est une tradition qui se transmet depuis 7 générations. Dès ma naissance, j’ai toujours été bercée aux sons de la cithare et du chant. Je me suis imprégnée de cet univers musical, et mon amour pour lui est vraiment trop important pour que je puisse me consacrer à autre chose.”

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Nguyen Kieu Anh lors d'un concert de ca trù. Photo: vnmusic

Les corporations d’artistes et les clubs de ca trù donnent régulièrement des concerts, ce qui permet de faire connaître davantage cet art ancien auprès du public et de susciter un certain intérêt de la part des jeunes. C’est le cas de Pham Hong Phuong, étudiante à l’Académie des Finances. Après avoir assisté à un concert donné par le club de ca trù de Hanoï dans le vieux quartier, elle a décidé de fonder un groupe de bénévoles. “Nous souhaitons préserver le ca trù, qui a été classé par l’UNESCO au patrimoine culturel mondial nécessitant une sauvegarde urgente. Cet art doit être protégé par tout le monde, en premier lieu les jeunes”, dit Phuong.

Le club des bénévoles pour le ca trù de Hanoï compte une cinquantaine de membres, essentiellement des étudiants. Ils peuvent être vendeurs de tickets, guides pour les touristes étrangers ou animateurs de concerts. Tout est bon pour rendre à cet art original ses lettres de noblesse dans cette période de mondialisation.

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