(VOVWORLD) - Ces dernières années, plusieurs groupes de musique traditionnelle ont vu le jour dans la province de Kon Tum, sur les Hauts plateaux du Centre. Leurs membres sont en général des jeunes, voire des très jeunes, qui ont pour points communs un amour inconditionnel pour le patrimoine musical ancestral et une ferme volonté de le valoriser. C’est le cas du groupe de Dak Yo, un village peuplé de Banar et rattaché à la commune de Ho Moong.
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Tous les samedis matin, les 15 membres du groupe se retrouvent pour répéter. Presque tous sont polyvalents, et le plus performant d’entre eux est A Nao, qui n’a que 20 ans.
«Ça fait près de deux ans que nous répétons ensemble. Chaque répétition est un moment de joie et de motivation. Nos instruments en bambou et en pierre produisent des sons très différents qui rappellent la diversité de la nature», nous confie-t-il.
A Chiêng, le chef du groupe, a 21 ans. Il a créé le groupe il y a trois ans. Si trouver des personnes ayant un certain don pour la musique était assez difficile en soi, les convaincre de constituer un groupe l’était encore plus. Certains étaient occupés par leurs études, d’autres par leurs travaux champêtres, d’autres encore étaient réticents à l’idée de se produire devant un public... Mais finalement, grâce à l’encouragement des villageois, le groupe a pu voir le jour. Le plus jeune membre avait 16 ans, et le plus âgé 25 ans, aucun n’ayant suivi de formation musicale, se souvient A Chiêng.
«Moi-même, je ne jouais aucun instrument de musique, j’ai décidé d’apprendre petit à petit, de répéter tous les jours. Notre souhait est d’inspirer les autres jeunes qui, comme nous, se mettront à jouer de la musique traditionnelle», déclare-t-il.
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À force de répétitions assidues et passionnées, le groupe de musique de Dak Yo est capable aujourd’hui d’interpréter une centaine d’œuvres, dont la moitié sont des chants populaires qui rythment les fêtes traditionnelles Banar. Comment sont-ils parvenus à ce résultat? Selon A Luyên, qui joue du t’rung, une sorte de xylophone en bambou, les membres du groupe discutent de chaque œuvre pour se répartir les instruments, puis chacun répète dans son coin jusqu’à une maîtrise complète, avant de répéter ensemble.
“Les morceaux difficiles nécessitent quatre ou cinq jours de répétition, sinon deux ou trois jours suffisent. D’ordinaire, on répète le vendredi et le samedi, mais s’il y a des évènements importants, on se retrouve plus souvent», dit-il.
Le groupe de Dak Yo a rapidement conquis le cœur des habitants du village. Son succès est tel qu’il a suscité la création d’un autre groupe, composé de 14 membres qui sont tous des élèves, dont le plus jeune n’a que 10 ans. Ce nouveau groupe est spécialisé dans la danse xoang traditionnelle des Banar. Pour Trân Công Thanh, le vice-président du comité populaire de la commune de Ho Moong, à laquelle est rattaché Dak Yo, c’est une nouvelle plus qu’encourageante.
«Les musiciens chevronnés de notre commune sont tous très âgés, aussi sommes-nous très heureux de voir des jeunes s’intéresser à la musique traditionnelle. C’est grâce à eux que l’identité culturelle locale sera préservée», affirme-t-il.
Si les jeunes se mettent à jouer de la musique traditionnelle, celle-ci a encore de beaux jours devant elle. Et c’est ainsi que Dak Yo est devenu un haut-lieu de la musique Banar…