(VOVworld) - En novembre dernier, des artistes de musique traditionnelle vietnamienne ont présenté la quintessence de notre patrimoine musical national au musée Guimet, à Paris. Ce mois-ci, ils ont eu l’occasion de se produire à l’Institut français de Hanoï pour une rencontre de maîtres qui a apporté au public de grandes émotions.
Photo: Institut français de Hanoï
Ce spectacle est né d’une rencontre entre Huong Thanh, chanteuse vietnamienne résidant en France, et plusieurs musiciens chevronnés vivant au pays. Comme Huong Thanh est originaire du Sud, elle a voulu monter avec ses collèges du Nord un concert commun de manière à réunir, en une heure et demie, l’essentiel de la musique traditionnelle vietnamienne. Ensemble, ils ont décidé de baptisé leur projet « de bambou et de soie ». C’est une expression littéraire désignant l’harmonie dans la musique mais aussi dans la relation humaine. Le bambou est la matière principale des instruments de musique traditionnelle et jadis, les cordes étaient faites en soie. Mais la soie traditionnelle a été peu à peu remplacée par le nylon, qui est moins cher et plus résistant. Et celui qui a eu le mérite de ressusciter la corde de soie est l’artiste du peuple Xuan Hoach, le grand maître incontesté du dan day, le fameux luth rectangulaire du ca trù, chant académique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
« Ce n’est qu’après avoir pu produire une corde de soie que j’ai réalisé à quel point le son que l’on en tire peut être extraordinaire, a dit Xuan Hoach, Impossible de vous décrire tout mon bonheur, après tant d’années d’interruption de la pratique du ca trù, de pouvoir enfin reproduire ce son magique. L’artiste Kim Duc, la grande dame du ca trù encore vivante, m’a dit : « Après plusieurs dizaines d’années, on a finalement pu réécouter le son de la soie. Qu’est-ce que c’est beau ! » En effet, c’est le plus beau cadeau que la vie ait pu m’apporter. J’ai produit des cordes de soie pour mon groupe, mais j’espère qu’elles seront utilisées par le plus grand nombre pour que cette tradition se perpétue à jamais. »
Selon l’artiste Xuan Hoach, dans la littérature ancienne, le bambou symbolisait la noblesse et la droiture du gentilhomme alors que le son doux, chaleureux et discrètement sensuel de la soie représentait la voie de la chanteuse de ca trù. Dans le spectacle « de bambou et de soie », l’artiste Xuan Hoach accompagnait la chanteuse Thanh Binh dans des airs parmi les plus célèbres du ca trù. Mais lui-même chantait aussi du xam, le chant des aveugles ; et le programme comprenait également des airs de chèo, opérette traditionnelle du Nord, interprétés par l’artiste du peuple Thanh Hoai, et de chau van, chant rituel du culte de la Sainte-Mère, interprétés par l’artiste Trong Quynh… Les spectateurs étaient comblés.
« Nous avons eu droit à un festin musical exceptionnel. Ça fait très très longtemps que je n’avais pu assister à un spectacle aussi excitant du début jusqu’à la fin. Il me rappelle mon enfance lorsque je suivais mes parents à des concerts de musique traditionnelle. »
« Ce programme m’a apporté de vives émotions. J’ai appris beaucoup de choses sur la culture vietnamienne. C’est magnifique ! »
Le plus grand souhait des artistes est de partager leur passion de la musique traditionnelle avec le public. L’Institut français de Hanoï leur a donné un coup de main. Encouragé par le succès du concert, son directeur a promis de reproduire l’expérience dès que possible.