(VOVworld) - La maison communale, cette architecture typique de la société traditionnelle, vient d’être honorée à Hanoï lors d’une exposition d’art contemporain. Intitulée « Dialogue avec la maison communale », l’exposition en question mettait d’un côté le caractère symbolique de cet édifice et de l’autre, des installations, des vidéos, des sons et des photos sur le thème « la maison communale vue par des artistes contemporains »
La cérémonie d'inauguration
Le jaune éclatant du paddy que les villageois font sécher dans la cour devant la maison communale, un cerf-volant qui s’élève... c’est la première image qui saute aux yeux du visiteur, dès l’entrée de la salle d’exposition. Dans l’installation intitulée « Histoire de la maison communale », l’artiste Vu Dinh Tuan reproduit des comptines et des proverbes populaires sur des bannières bouddhiques qui flottent au gré du vent. La vidéo « Dialogue » de Luu Chi Hieu présente 100 oeufs rappelant l’origine légendaire du peuple vietnamien, et symbolisant des valeurs qui se perpétuent.
Quant au photographe Nguyen The Son, il dresse un état des lieux des maisons communales hanoiennes à travers une collection baptisée « Je pars à la recherche de la maison commune ». Autrefois maisons communales, plusieurs de ces édifices sont aujourd’hui utilisés à d’autres fins. Ainsi, la maison communale de Du Vu, au 42 rue Hang Da, est devenu un café ; celle de Co Tan, au 166 rue Tran Quang Khai, abrite désormais une banque, alors que celle de Hoa Thi, au 90B rue Hang Dao, s’est transformée en boutique de mode. Nguyen Van Hoc, un visiteur, apprécie beaucoup cette façon de voir les choses : « Les maisons communales en ville sont différentes de celles qu’on peut trouver ailleurs. Elles doivent s’adapter au mode de vie urbain. J’aime bien le fait qu’elles doivent s’élever très haut. A la campagne, on n’a pas besoin de construire aussi haut, puisque les terres sont vastes. Mais cette différence n’est pas très importante, la vraie question est de savoir comment les gens en ville se comportent vis-à-vis des maisons communales. »
La maison communale de Dinh Bang
Une question à laquelle essayent de répondre les artistes participant à l’exposition. La peintre Dang Thi Khue estime que c’est l’occasion pour les artistes de réfléchir ensemble sur les valeurs et sur le rôle de la maison communale dans la société contemporaine : « La maison communale est différente des autres patrimoines. Elle est un patrimoine vivant qui cohabite avec l’homme à travers tous les temps. Nos ancêtres ont fait preuve d’un génie incroyable en inventant une telle architecture capable de s’adapter à toutes les époques de l’histoire. Je partage la même préoccupation que d’autres artistes. La façon dont les gens traitent les patrimoines nous inquiète. Or, par définition, un patrimoine est un héritage que les prédécesseurs nous ont laissé. »
Dans sa peinture intitulée « Signes », Dang Thi Khue immortalise un couple de flamants en bois, des feuilles mortes tombant dans la cour de la maison communale, des sandales posées à l’entrée. Elle montre aussi la structure intérieure de cet édifice typique des 16e-17e siècles en présentant des coupes horizontales et transversales : « Les valeurs de la maison communale sont multiples : architecturale, spatiale, esthétique, ou encore fonctionnelle... Plus j’étudie, plus je suis attirée par le mystère de cette architecture. Sans doute toute ma vie ne suffirait-elle pas pour tout comprendre. Mais je voudrais expliquer aux autres ce que j’avais appris. Alors, j’ai essayé de reproduire la maison communale comme un musée vivant, un jardin du savoir. Avec mes doigts, j’ai peint sur de la soie, en coupant la maison horizontalement et transversalement, pour montrer aux visiteurs tout ce qu’il y a à l’intérieur. C’est comme ça qu’ils pourront imaginer toute l’ampleur, toutes les différences d’une maison communale. »
Un autre peintre, Nguyen Ngoc Lam, a pour sa part créé un espace urbain étroit avec des couches et des couches de maisons en tube se bousculant, encerclant une maison communale dorée. Une impression d’étouffement que donne aussi la musique ambiante, écrite par un certain Vu Ngoc Tan.
Des sons traditionnels typiques d’une maison communale ancienne semblent s’engloutir au milieu de bruits assourdissants de la vie quotidienne. Une façon de penser qui plaît beaucoup à Nguyen Huu Duc, enseignant à l’école des beaux-arts du Vietnam : « C’est un angle de vue différent et intéressant. Ce sont les sons de la vie qui assiègent la maison communale. La tradition veut que cet édifice soit séparé des habitations, mais en réalité, aujourd’hui, il est encerclé et envahi par les gens, par la vie. »
« Dialogue avec la maison communale » s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche, de collecte et de promotion des valeurs de la maison communale en tant que patrimoine culturel dans le delta du Nord du Vietnam, projet mené par l’école des beaux-arts du Vietnam./