(VOVworld)- Avec ses mélodies langoureuses et lyriques, le chant de Hue faisait autrefois partie des 3 formes de musique traditionnelle les plus prisées des combattants, les deux autres étant le chèo du Nord et le cai luong du Sud. Pendant la résistance anti-américaine, la radio nationale la Voix du Vietnam diffusait ces musiques pour encourager les soldats au front et éveiller des sentiments patriotiques au sein de la population. Quant à la troupe de chant de Hue de la radio, dont nous allons vous parler aujourd’hui, elle a été créée en 1955, dès le début de la résistance.
Les artistes interprètent un air traditionnel (Photo : internet)
Pendant la résistance anti-américaine, le Vietnam était coupé en deux, et c’est sans doute dans ce bout de terre séparant le pays, dans la province centrale de Quang Tri, que les habitants étaient les plus affectés par cette séparation. La plupart des soldats combattant pour le régime de Saigon étaient d’ailleurs issus de cette province. Et comme tous les habitants du Centre, ils adoraient le chant de Hue. En l’écoutant à la radio, certains ont voulu déposer les armes. Le compositeur Phan Phúc, ancien chef de la troupe de musique de la Voix du Vietnam nous raconte: « A l’époque, notre radio était la seule à diffuser le chant de Hue dans toute la région du Centre. Les habitants et les soldats nous écoutaient et il fallait absolument qu’il y ait du chant de Hue, c’était pour eux une alimentation spirituelle indispensable. »
Artiste Châu Loan (Photo : internet)
Chau Loan était la chanteuse la plus connue. Originaire de Vinh Linh, cette artiste se distinguait non seulement par sa voix veloutée, mais aussi par sa créativité. C’est elle qui a pris l’initiative d’utiliser des éléments musicaux du chant de Hue dans la récitation des poèmes. Les poèmes de To Huu qu’elle a mis en musique restent des grands classiques du répertoire du chant huéen de la Voix du Vietnam. Il faut citer notamment «Depuis 30 ans que nous avons le Parti», «La chanson du printemps 1961» et «Mère Suốt».
Mère Suot
L’artiste Dao Quy Duy, membre de la troupe de chant huéen de la Voix du Vietnam, se souvient : « A l’époque, au quai de Tùng Luật, il y avait un poste de police que les policiers du Nord et du Sud occupaient en alternance. Ils changeaient de garde chaque semaine. Ce jour-là, c’était le tour des policiers du Sud, mais c’était aussi le jour où la troupe de musique de la Voix du Vietnam donnait un concert. Ne voulant pas que ses policiers aillent voir le concert, leur chef a fermé le poste. Mais par différents moyens, les policiers ont pu sortir pour voir Châu Loan et nos autres artistes. »
L’artiste Hồng Duyên, l’épouse de l’artiste émérite Đào Quý Duy, a intégré la troupe de musique de la Voix du Vietnam en 1965 : « Je partais souvent en mission dans le Centre. C’était une période épique! On chantait sur le champ de bataille, à même le siège du soldat sur le canon anti-aérien. Les enregistrements se faisaient de jour comme de nuit pour être diffusés au moment voulu. C’était dur mais on était tous motivés. »
Les habitants et les soldats des 2 côtés écoutaient le chant de Hue diffusé sur la Voix du Vietnam, et ce chant traditionnel raccordait les deux bouts du pays: singulier pouvoir, que celui de la musique.