(VOVWORLD) - Inscrit en 2011 par l’UNESCO sur la liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, le chant xoan de la province de Phu Tho a été réinscrit, le 8 décembre 2017, sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Ce transfert témoigne des efforts déployés par la province de Phu Tho pour préserver cet art lié au culte des rois fondateur du Vietnam.
Le chant xoan de la province de Phu Tho. Photo: baochinhphu.vn |
Dans une classe de xoan d’An Thai, à Viêt Tri, des artistes chevronnés s’y relayent pour donner des cours à celles et ceux qui souhaitent perpétuer cet art ancestral. Nés d’une mère et de grands-parents qui pratiquaient tous le xoan, Bùi Viêt Hào et Bùi Nhu Quỳnh ont grandi au rythme des chants, des danses, des percussions et des cliquettes...
«J’ai appris à chanter dès l’âge de 5 ans. Il m’a suffi d’écouter mes grands-parents et ma mère. J’adore le xoan et j’aime participer aux spectacles. C’est un art que je voudrais absolument préserver», dit Viêt Hào.
«Ma mère, mes grands-parents et mon frère font partie d’une troupe de xoan… Moi aussi, j’aime vraiment ce chant», indique Nhu Quynh.
La province de Phu Tho, qui en est le berceau historique, veut absolument préserver et mettre en valeur le xoan. Aussi prend-elle beaucoup d’initiatives en termes de transmission et de pratique. Elle a d’ailleurs formé plus de 100 artistes capables de pratiquer et d’enseigner le xoan aux jeunes. L’année dernière, 13 chanteuses et chanteurs de xoan de Phu Tho ont été honorés «artisans émérites» par le président de la République. Parmi eux figurent Nguyên Thi Biên et Bùi Thi Luong, qui font partie de la troupe d’An Thai.
«Non seulement moi, mais tous les membres de notre troupe sont fiers de cette reconnaissance», dit Nguyên Thi Biên.
«En tant qu’artisans de xoan reconnus par l’État, nous sommes déterminés à enseigner et à préserver cet art», affirme Bùi Thi Luong.
Pour préserver ce chant datant du temps des rois Hùng, la province de Phu Tho compte sur l’implication de sa population locale. Si ce chant n’était autrefois pratiqué que dans certains villages, il résonne aujourd’hui dans 13 districts et cités. Au niveau provincial, on recense 34 clubs avec plus de 1.500 pratiquants, soit 23 fois plus qu’en 2011, date à laquelle le xoan a été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente. Par ailleurs, au niveau des districts, il existe 64 clubs, et au niveau des communes, 42. Pham Thi Bich, elle, est membre du club de xoan des personnes âgées de la commune de Minh Dai.
“C’est une forme d’art que j’avais un peu de mal à appréhender au début. Mais depuis que je suis membre de ce club, j’ai découvert beaucoup de choses intéressantes qui m’ont fait changer d’avis. Le xoan se réfère à la vie quotidienne au temps des rois Hùng, et c’est vraiment un chant patrimonial», nous confie-t-elle.
Aujourd’hui, le xoan est officiel introduit dans certaines écoles à Phu Tho. Les élèves apprennent à chanter lors des cours de musique ou lors des activités extrascolaires. C’est le cas à l’école primaire Gia Câm, à Viêt Tri, une école que fréquentent Nguyên Châu Anh et Bùi Thi Tuyêt Mai, la première comme élève, la seconde comme enseignante.
«Au début, je trouvais que ce chant était vraiment difficile. Je ne comprenais ni les paroles ni le contexte. Mais puis à force de participer aux activités du club de l’école, je m’y suis mise», raconte Châu Anh.
«Dans la mesure où il est inscrit dans les supports pédagogiques locaux, le xoan est enseigné dans les écoles depuis 2018. J’espère que les airs anciens seront préservés et valorisés», confie Tuyêt Mai.
Nguyên Dac Thuy, le directeur du service provincial de la Culture, des Sports et du Tourisme. Photo: quochoi.vn |
Pour promouvoir l’enseignement et la pratique du xoan, la province de Phu Tho a restauré des maisons communales et des temples pour donner place aux spectacles. Cet art est également devenu un produit culturel touristique typique de la province, comme nous l’explique Nguyên Dac Thuy, le directeur du service provincial de la Culture, des Sports et du Tourisme.
«Nous avons conçu de nouveaux projets de préservation du xoan. Notre priorité consiste à restaurer des espaces culturels réservés au xoan et à renforcer l’enseignement de cet art. En même temps, nous essayerons de reproduire les rituels et les pratiques liés au xoan. Nous comptons enregistrer des airs anciens pour les diffuser dans les écoles», nous dit-il.
D’un patrimoine nécessitant une sauvegarde urgente, aujourd’hui, le xoan résonne dans la cour des maisons communales à l’occasion des fêtes ou encore dans des écoles de Phu Tho, terre ancestrale des Vietnamiens. Les efforts ont enfin été récompensés!