(VOVWORLD) - Le khên est l’instrument de musique typique des Mông. Récemment, l’art du khên pratiqué par les Mông des trois districts de la province septentrionale de Yên Bai que sont Mù Cang Chai, Tram Tâu et Van Chân, a été inscrit au patrimoine culturel immatériel national.
Des Mông de Mù Cang Chai jouent du khên. Photo: Tuân Anh |
Pour les Mông, le khên relie le passé au présent et à l’avenir. Le son de cet orgue à bouche est la voix de l’amour. L’instrument représente une âme-sœur qui leur est attachée depuis la naissance jusqu’à la mort. Quand ils sont heureux, ils en jouent pour inviter les amis à sortir ou pour leur souhaiter les meilleures choses du monde. Lors de funérailles, ils en jouent aussi. Les mélodies lentes et graves du khên traduisent le chagrin de la famille et des proches, et accompagnent l’âme du défunt vers l’autre monde. Giàng A Su, un maître d’art Mông de Yên Bai, nous en dit plus.
«Nous les Mông possédons plusieurs instruments de musique, mais presque tous ne sont joués qu’à certaines occasions. Le khên, lui, est présent partout, faisant partie de nos habitudes. Que ce soit pendant les jeux, les mariages, les fêtes ou les funérailles, nous en jouons toujours», indique-t-il.
Exclusivement réservé aux hommes qui en jouent en dansant, le khên traduit la masculinité et le courage des Mông face à une nature pas toujours clémente. Pirouettes, saltos, coups de pied en l’air ou marches tranquilles, les gestes peuvent être improvisés. Les meilleurs danseurs sont capables d’évoluer dans des espaces inattendus: sur un rocher, un plateau en bambou, une souche d’arbre ou un tronc enjambant le ruisseau…
Une classe de khên à l'Ecole-Internat pour les élèves issus de minorités ethniques de Chê Cu Nha, dans le district de Mu Cang Chai. Photo: baoyenbai.com.vn |
Ces dernières années, les districts de Mù Cang Chai, Tram Tâu et Van Chân ont créé des dizaines de clubs artistiques Mông, et multiplié les concours au sein des villages et des communes. Des classes ont été ouvertes pour apprendre aux jeunes Mông à maîtriser l’art du khên en particulier et les autres traditions musicales locales en général. Ho A Thao a été l’un des premiers à donner un cours de ce type dans le district de Tram Tâu.
«En 2016, j’ai commencé par apprendre le khên à mon enfant. D’autres personnes sont venues, 2, 3, 4… et maintenant j’ai déjà formé 13 joueurs», partage-t-il.
Giàng A Pàng, un maître de khên du district de Mù Cang Chai, se dit confiant dans l’avenir de cet art.
«L’inscription de l’art du khên au patrimoine culturel immatériel national est une excellente nouvelle qui nous rend extrêmement heureux. Cette reconnaissance contribuera à valoriser notre patrimoine et, pour ma part, je continuerai de transmettre mon savoir aux jeunes pour que l’art du khên se perpétue à jamais», déclare-t-il.
En effet, tant que les maîtres comme Giàng A Pàng resteront toujours aussi motivés à transmettre leur savoir et que les jeunes continueront de jouer du khên en dansant, la musique Mông résonnera encore et l’identité de ce peuple sera préservée.