Le secret des estampes populaires de Dong Ho

(VOVworld) - Au 17ème siècle, un style d’estampes particulièrement original est né à Dong Ho, un village de la province septentrionale de Bac Ninh. Au fil du temps, ces images imprimées reflétant la vie simple et les traditions culturelles des villages vietnamiens ont gagné une solide réputation non seulement dans le pays mais aussi à l’étranger. Quels en sont les secrets?

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Pour la majorité des Vietnamiens, les estampes de Dong Ho sont surtout des images folkloriques plutôt joyeuses, parfois humoristiques. Nguyen Dang Che, le maître incontesté du métier, veut attirer leur attention sur un autre type d’images, celles qui reflètent les évolutions du temps :

«Tout le monde aime le tableau du mariage des rats, mais il n’y a pas que ça dans les estampes de Dong Ho, qui suivent aussi l’évolution de la société. Aussi peut-on en trouver maintenant qui évoquent une scène de chants alternés de Bac Ninh ou le retour triomphal au village du lauréat d’un concours mandarinal. Ces sujets n’existaient pas dans les estampes du temps de nos aïeux.»

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S'il est une chose, en tout cas, qui n'a jamais varié au cours des âges, c’est le papier sur lequel les images sont imprimées. Il est fait de l’écorce du rhamnoneuron balancae, dont le nom vietnamien est dó. Cette matière est à la fois poreuse, douce, mince, résistante et absorbante. L’encre y entre facilement sans déborder de ses contours. Sur ce papier, on met une couche de nacre mêlé à de la poudre de riz pour lui donner un éclat iridescent. Vu Thi Dung, la belle-fille du maître artisan Nguyen Dang Che: «Nacré, le papier dó a une couleur blanche. Il sèche très vite au soleil, mais il faut le protéger du vent. Facile à dire, mais c’est comme ça. Le papier s’altère au moindre contact du vent. S’il a des imperfections, s’il n’est pas suffisamment lisse par exemple, on doit le polir pour qu’il absorbe l’encre au mieux.»

Nacrer le papier dó est aussi un processus sophistiqué. Les artisans de Dong Ho utilisent un pinceau fait d'aiguilles de sapin, qui crée une couverture naturellement iridescente du papier. Nguyen Thi Oanh, une artisane: «On ne prend pas n’importe quel coquillage, mais uniquement ceux qui se sont altérés depuis longtemps au fond de la mer. Ils sont plus faciles à broyer.»

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Autre procédé conservé tel quel à travers le temps, la production des couleurs. Elles proviennent toutes de matières naturelles, comme nous l'explique Nguyen Thi Oanh: «Moi, j’utilise toujours les couleurs traditionnelles. Mes estampes sont imprimées sur du papier dó nacré. Le rouge vient des cailloux en montagne, le noir des cendres de paille de riz et le jaune, de la fleur du sophora du Japon… Ce sont tous ces éléments de la nature qui composent un tableau.»

Les couleurs principales de fond des estampes de Dong Ho sont le blanc nacré, le jaune et le rouge lie-de-vin. Sur ce fond, les artisans impriment des dessins de couleurs noire, brune, bleue indigo ou rouille de cuivre… autant de couleurs originales qui, mises en valeur par des techniques de mélange et d’estampage multicouche, reflètent de façon aussi réaliste qu’esthétique la vie dans les campagnes vietnamiennes.

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