(VOVWORLD) - Du haut de ses 76 ans, Luong Van Chua est un des Thai les plus respectés à Yên Châu, un district rattaché à la province septentrionale de Son La. Pour cause, cet ancien militaire s’est donné pour mission de préserver la culture traditionnelle de son ethnie.
Luong Van Chua |
Luong Van Chua a appris à jouer du khên en même temps qu’il apprenait à lire et à écrire. Sa plus grande passion a toujours été l’étude et la transmission de la langue et du patrimoine musical de son ethnie. Les différents métiers qu’il a exercés - agent commercial, militaire puis responsable politique dans son district - ne l’ont jamais dévié de la mission qu’il s’est lui-même assignée: préserver la culture Thai.
En 2016, il a ouvert une classe de langue Thai dans son village. 22 personnes ont répondu présentes. Comme les Thai d’Yên Châu ont un accent différent de celui des autres Thai, Luong Van Chua a pris soin d’adapter les manuels existants pour les rendre plus compréhensibles à ses élèves.
“Les Thai sont une communauté ancienne qui dispose de sa propre langue orale et écrite, une langue qui mérite d’être respectée et préservée», affirme-t-il. «On ne peut pas compter uniquement sur l’intervention de l’État pour la sauvegarder. En tant que Thai, nous sommes les premiers responsables. C’est à nous d’agir en premier!».
En 2018, le groupe de préservation culturelle des Thai d’Yên Châu a vu le jour avec 11 membres. Son président n’est autre que Luong Van Chua. Le groupe s’est élargi aujourd’hui à 19 membres, dont 6 Kho Mu, tous férus de culture traditionnelle.
Depuis sa création, sept classes ont été organisées pour apprendre à lire et à écrire en Thai, en Kho Mu et à jouer du khên à 150 élèves, dont certains ont à leur tour transmis ce qu’ils avaient appris aux autres. C’est le cas de Luong Manh Nhung.
«Cette formation m’a permis de compléter ce que j’avais appris quand j’étais petit. Je suis content de savoir finalement écrire dans la langue de mes ancêtres, et de découvrir des mœurs et coutumes anciennes à travers des livres», nous confie-t-il.
Quant à Luong Van Chua, il jure qu’il continuera son travail tant que sa santé le lui permettra.
«Si l’enseignement de l’écriture Thai reste ma priorité numéro un, je compte m’investir davantage dans la diffusion du patrimoine musical et notamment de la danse xoè typique des Thai», dit-il. «S’il y a suffisamment de personnes pour enseigner, le plus difficile consiste actuellement à trouver des apprenants motivés. J’ai passé beaucoup de temps à convaincre les jeunes d’apprendre l’écriture Thai, à jouer du khên et à le fabriquer».
Le plus grand rêve de Luong Van Chua est donc maintenant de pouvoir transmettre sa passion pour la culture traditionnelle à la jeune génération.