(VOVworld)- Ma Văn Kháng est l’un des sept écrivains candidats au prestigieux prix Ho Chi Minh pour l’année 2012. Salué par la critique comme étant celui qui a remué la littérature vietnamienne moderne par des oeuvres ayant défrayé la chronique dès le tout début du renouveau, Ma Văn Kháng nous parle d’amour - amour de la vie, du prochain, malgré tous les aléas de l’existence.
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De son vrai nom Đinh Trọng Đoàn, Ma Văn Kháng doit ses premiers honneurs littéraires à des oeuvres traitant de la vie des minorités ethniques montagnardes. Mais c’est décidément le thème de la ville qui a marqué sa carrière, dont le premier coup d’éclat aura certainement été « Pluie estivale ». Dès sa sortie en 1982, ce roman a provoqué une véritable fièvre dans l’opinion, au point de faire l’objet d’une table-ronde animée à l’institut national de la littérature. Les uns le critiquaient à outrance, les autres le louaient pour sa nouveauté et son audace. Il faut savoir que dans « Pluie estivale », Ma Văn Kháng s’en est pris sans pitié à différents fléaux qui minaient la société contemporaine, la société urbaine des premières années du renouveau. 30 ans après cette table-ronde houleuse, Lưu Khánh Thơ, critique de son état, n’a rien oublié.
« J’adore une nouvelle de Ma Văn Kháng intitulée « Seoly-celui qui remue la vie amoureuse ». Je souhaite lui emprunter cette expression pour qualifier l’écrivain lui-même, puisque Ma Văn Kháng a vraiment remué la littérature vietnamienne moderne. Sa contribution aux balbutiements du processus de renouveau littéraire est considérable. Je pense en particulier au roman « Pluie estivale » qui, dès sa parution, a connu une vie mouvementée. Mais au bout de quelque temps seulement, on s’est rendu compte que ce roman posait vraiment de nombreuses questions sur le renouvellement de la littérature, ainsi que sur le rôle visionnaire des oeuvres littéraires vis-à-vis de la société en général et de la littérature en particulier. »
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Après « Pluie estivale », Ma Văn Kháng a écrit « Saison des feuilles mortes » qui a inspiré un feuilleton télévisé très apprécié du public. Ce roman du début du renouveau reste d’actualité, selon plusieurs critiques. Pour Ma Văn Kháng, écrire consiste à parler de la vie, de la lutte de chacun pour accéder au beau et au bon. Son écriture est teintée de tristesse et surtout de réflexions profondes sur les moeurs du monde. Il nous fait savoir : « L’homme existe non seulement pour embellir la vie, mais aussi pour subir des blessures, voilà une loi sociale. Vivre égale combattre, et combattre engendre des blessures. Je ne veux pas de beauté facile. La beauté doit être tragique. Elle doit avoir connu des pertes, des injustices, voire des sacrifices. Mes personnages sont quelque fois meurtris au point de ne plus avoir leur place. Mais finalement ils surmontent tout pour affirmer leur personnalité. Il s’agit là d’une beauté fondamentale. »
A 76 ans, Ma Văn Kháng vit avec ses médicaments. Mais aucune maladie ne peut l’empêcher d’écrire. Il vient de sortir deux nouveaux romans, d’un style complètement différent : « Nuit » et « Terminus», deux romans qui traitent des méandres existentiels dans lesquels nous nous perdons tous plus ou moins. Lại Nguyên Ân, critique littéraire, nous indique : « Parmi les écrivains de sa génération, beaucoup ont abandonné leur plume, d’autres produisent moins. Mais Ma Văn Kháng fait toujours preuve d’une patience et d’une assiduité exemplaires. Chose surprenante, toutes ses oeuvres suscitent l’attention. »
A travers deux siècles, Ma Văn Kháng compte à son actif 200 nouvelles, 15 romans, sans compter d’innombrables essais et mémoires de qualité. Un de ses admirateurs lui a dédié cette remarque : « Il semble que chaque fois que le cours littéraire d’un pays reçoit un talent de taille, il s’élargit et coule plus fort. Il en est allé ainsi avec Ma Văn Kháng, pendant la dernière moitié du 20è siècle ».