Un été sous l'ombre, publié aux éditions Hội nhà văn (Association des écrivains) |
«J’écris pour les 100 millions de Vietnamiens, pour honorer la culture vietnamienne. Sans cette culture, sans la culture du delta du fleuve Rouge qui coule dans mes veines depuis mon enfance, ma littérature n’existerait pas. J’écris parce que j’aime trop le vietnamien, une langue à la musicalité très affirmée. Quand j’écris, je fais toujours en sorte qu’il n’y ait jamais de mots de trop, jamais de répétition inutile, et dans la mesure du possible, j’essaie de ressusciter des mots anciens, pour leur faire exprimer de nouvelles émotions. Ce recueil de nouvelles, il m’a fallu 15 années d’un travail minutieux pour en venir à bout. En l’espace d’un an, je peux écrire une ou deux nouvelles que je corrigerai quelques années plus tard».
Nguyên Tham Thiên Kê nous expliquait sa façon d’écrire.
Ayant pour contexte le delta du fleuve Rouge et la moyenne montagne, les 35 nouvelles de Un été sous l’ombre transmettent des messages simples, incitant les gens à être gentils les uns avec les autres et à se respecter. Ce qui rend ces nouvelles mémorables, c’est la musicalité des mots, mais aussi cette atmosphère singulière de la moyenne montagne qui s’en dégage. L’écrivain nous livre son secret.
«Je vis à Phu Tho, la terre d’origine des rois Hùng, où j’ai passé 10 ans à effectuer des recherches en culture folklorique. La culture autochtone est primordiale pour un écrivain: sans la connaître, il n’aurait aucune valeur. Phu Tho se situe en moyenne montagne, c’est-à-dire qu’un peu au-dessus, c’est la haute montagne et juste un peu en-dessous, on arrive à Hanoï et au vaste delta du fleuve Rouge. Cette position centrale entre les cultures de la plaine et de la haute montagne fait que les gens de la moyenne montagne, a fortiori les intellectuels, ont à la fois une riche expérience de vie comparable à celle des urbains et une compréhension de l’authenticité, de la naïveté et de la gentillesse des montagnards. Cela se reflète dans la culture locale et dans chacune de mes pages», affirme-t-il.
Nguyên Tham Thiên Kê, né le 14 février 1961 à Phu Tho, est titulaire du prix Hùng Vuong de la province de Phu Tho en 2010 et du prix de l'Association des écrivains vietnamiens en 2023 |
Nguyên Tham Thiên Kê expose dans son recueil plusieurs techniques d’écriture différentes. Il reconnaît que la traduction en langues étrangères de sa littérature doit être un défi décourageant pour n’importe quel traducteur. Il assume cet inconvénient, expliquant que son ambition est de montrer aux Vietnamiens toute la beauté de leur culture et de leur langue. Tous les chefs d’œuvres littéraires au monde transmettent des messages culturels du peuple dont l’écrivain est issu, remarque-t-il.
Un été sous l’ombre est-il un chef d’œuvre? C’est en tout cas la conviction de Hà Pham Phu, un écrivain admirateur de Nguyên Tham Thiên Kê. Élégant, subtil, plein d’émotion, tels sont les qualificatifs qu’il attribue au recueil, en saluant des techniques d’organisation du récit, de construction de caractères et d’analyse psychologique des personnages dignes d’un maître.