(VOVworld)- La province centrale de Quang Nam est l’une des rares localités vietnamiennes à avoir réussi à ressusciter plusieurs de ses arts traditionnels. Si vous avez l’occasion de passer par l’ancien quartier de Hoi An, haut lieu du tourisme de la province et du pays en général, vous aurez le plaisir d’assister à des représentations d’arts traditionnels en pleine rue.
Il y a 20 ans, les responsables du service de la culture de la province de Quang Nam ne savaient pas encore comment faire pour que des arts traditionnels comme les chants bài chòi, bả trạo ou les fêtes folkloriques puissent continuer d’exister au sein de la communauté qui leur avait donné naissance. A l’époque, les jeunes se désintéressaient de tout ce patrimoine qui leur semblait démodé. Pour remédier à cette situation, la province a décidé d’introduire ces arts à l’école. Chaque année, elle sélectionnait deux écoles pour organiser des cours de chants folkloriques. En 1998, tout a changé quand des représentations du bài chòi, un art traditionnel alliant chant et jeu, ont commencé à attirer les touristes dans l’ancien quartier de Hoi An. Võ Phùng, directeur du centre culturel et sportif de Hoi An, se souvient de cette époque:
“Auparavant, le bài chòi ne se pratiquait qu’entre autochtones, il n’avait donc aucune chance de retrouver sa vitalité ancienne. Mais depuis que nous l’avons introduit dans le programme touristique nocturne à Hoi An, les choses ont changé. Grâce aux touristes, le bài chòi a trouvé une deuxième jeunesse. Maintenant, vous avez des représentations de bài chòi tous les soirs, à l’occasion des fêtes et des grandes réceptions. D’autres localités, y compris Hanoi et Ho Chi Minh-ville, ont invité nos troupes de bài chòi à se produire chez elles. En 2011, nous avons pu même présenter le bài chòi à la fête la Lumière planétaire en Italie.”
Tous les soirs, une foule nombreuse attend de voir la troupe du centre culturel et artistique de Hoi An donner son traditionnel numéro de bài chòi. De plus en plus de jeunes, Vietnamiens et étrangers, demandent même à suivre des cours. Võ Phùng:
“Maintenant, le public, et les jeunes en particulier, apprécient la valeur des arts traditionnels, dont les chants fokloriques. Et ça va continuer comme ça à condition que nous nous investissions pleinement dans chaque numéro. Tout en respectant l’originalité et l’authenticité des arts traditionnels, nous devons également profiter des atouts de la modernité comme le son, la lumière et les astuces du théâtre.”
Aujourd’hui, les représentations d’arts traditionnels sont devenues une attraction touristique indispensable pour Hoi An. Libérés de l’espace fermé des salles de théâtre, ces arts s’immergent désormais dans la vie contemporaine. Đinh Hài, directeur du service de la Culture, des Sports et du Tourisme de Quang Nam, s’en félicite:
“En réalité, tout ce qui est à la fois culturel et festif n’a jamais cessé d’attirer des foules. A notre avis, c’est la communauté qui doit organiser les fêtes, pas l’Etat qui doit se limiter seulement à apporter son aide, à gérer, à veiller à ce que ces fêtes profitent vraiment à la communauté en question. Une fête n’a pas besoin d’être gigantesque pour traduire l’identité d’une communauté.”
Faire revivre des arts traditionnels n’est pas du tout un travail qui peut se faire du jour au lendemain. Les autorités et les habitants de Quang Nam en sont parfaitement conscients, d’autant plus qu’ils savent, mieux que quiconque, que ce sont à la fois leur patrimoine culturel et leurs intérêts économiques qui sont en jeu./.
Lan Anh