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A 85 ans, Hồ Thanh Bình est encore alerte et son rire est contagieux. Depuis quelque 20 ans, il consacre son temps au hameau de Ka Tang.  Son dynamisme et sa détermination ont eu raison des réticences des paysans et aujourd’hui, cet endroit autrefois pauvre et ravagé par les bombardements est devenu verdoyant et prospère.

« J’ai mobilisé tout les habitants pour développer économiquement le village et je leur ai conseillé en douceur de modifier leurs cultures. Nous avons remplacé la riziculture par la culture du manioc et des bananes. Le désherbage se fait désormais une fois par campagne et nous pouvons récolter les fruits toute l’année. Tous les villageois m’ont suivi et leur vie s’est considérablement améliorée. Il y a encore quelques familles pauvres dans notre village, mais les périodes de disette ont complètement disparu. »

Depuis les 20 dernières années, Bình et ses enfants n’ont pas cessé de travailler. Ils ont défriché des terrains qui avaient été abandonnés par les Van Kiêu, une ethnie minoritaire, car elle les estimait « impropres ». Bình et sa famille ont concentré toutes leurs énergies à transformer ces terres. Aujourd’hui, leur ferme dotée de vergers et d’un espace réservé à la pisciculture font l’admiration de tous les habitants qui ont finalement décidé d’abandonner leurs croyances rétrogrades. Hồ Thanh Bình explique :

« Selon les coutumes traditionnelles des Vân Kiêu, ces terrains étaient des « terrains chauds » qu’il ne fallait pas habiter sous peine de tomber malades. Je savais qu’il s’agissait de superstitions et que ces terrains étaient fertiles. Depuis que ma famille s’est installée sur ces terrains, rien ne s’est produit. Mon  succès aidant, tous les villageois m’ont suivi. »

Hồ Thanh Bình a aussi réfléchi aux possibilités de développement économique. Il a décidé de planter des maniocs, des bananiers et des acacia mangium sur la colline située derrière sa maison. Une vaste zone plate est consacrée à la riziculture, aux vergers à l’élevage des bovins et des volailles et à la pisciculture. Binh a suivi une formation sur les techniques de culture et d’élevages. Le rendement de ses récoltes s’est nettement amélioré. Il nous confie:

« Auparavant, nous élevions des tryonix, une espèce de tortue. Dès mon premier élevage, nous avons gagné un milliard 200 millions de dongs. Mais  compte tenu de mon âge, et du manque de personnel, nous ne fournissons plus aux éleveurs que des petites tryonix. Aujourd’hui, ma famille n’élève plus que des cyprinidés, des carpes et des tilapies. La pisciculture nous rapporte environ 100 millions de dongs par an. Nous plantons des arbres fruitiers comme les jaquiers et les manguiers. Ma famille dispose de 2 hectares de manioc et de 5 hectares de litsées. »

La persévérance et la réussite de Hồ Thanh Bình ont changé la mentalité des villageois. Ils sont sortis de leur passivité et lui demandent aujourd’hui des conseils pour cultiver les arbres fruitiers et élever avec succès les animaux. Ses conseils sont toujours fort utiles et parfois il leur offre des jeunes plants ou des petits animaux. Il leur prête aussi de l’argent en ne prenant aucun intérêt. Toutes les actions de Binh sont désintéressées et ne servent qu’à développer l’économie du village. Hồ Văn Khà, un voisin de Hồ Thanh Bình:

« J’ai suivi l’exemple de Binh et comme lui, j’ai décidé de planter des maniocs, des bananiers, des arbres fruitiers et pratiquer la pisciculture. Mes activités sont aujourd’hui rentables et les revenus de ma famille sont  nettement meilleurs. »

A l’âge ou d’autres ne feraient que se reposer, Hồ Thanh Bình l’octogénaire bien intentionné continue d’aider les villageois de Ka Tăng à s’enrichir.