(VOVWORLD) - Le 23 janvier dernier, Giang Nam, auteur du célèbre poème Quê huong, «Pays natal» en français, a rendu son dernier souffle à l’âge de 96 ans. De son vrai nom Nguyên Sung et originaire de la province de Khanh Hoà (centre), il a assumé plusieurs postes importants au sein d’institutions politiques et culturelles locales.
Giang Nam. Photo: VOV |
«Enfant, matin et soir, j’allais à l’école.
J’aimais mon pays
À travers chaque page de mon petit livre,
On y lisait ‘Qui prétend qu’il est pénible
De garder les buffles au grand air?’
Et je rêvais du chant des oiseaux dans les branches.»
Plusieurs générations de Vietnamiens, notamment celles ayant vécu les atrocités de la guerre, connaissent par cœur ce passage, extrait de «Pays natal». Il s’agit du plus célèbre poème de Giang Nam, composé en 1960, lorsque l’auteur apprit que son épouse et sa fille avaient été tuées en prison. Il décide alors de coucher sa douleur sur papier et au bout d’une heure, «Pays natal» voit le jour. Ce poème est rapidement devenu célèbre dans l’ensemble du pays.
Cependant, en 1973, soit treize ans après la sortie de «Pays natal», un miracle survient. Giang Nam retrouve sa femme vivante. En effet, l’information sur son décès était une erreur.
«Pays natal» fait partie du recueil éponyme, lequel a été primé à plusieurs reprises, dont le deuxième prix du magazine Lettres et Arts en 1961, le prix Nguyên Dinh Chiêu en 1965 et le prix d’État pour les lettres et les arts en 2001.
«Les poèmes de Giang Nam se démarquent par des émotions douces et romantiques. À l’inverse de ses pairs, qui ont tendance à décrypter la guerre par un style plutôt intense, Giang Nam décrit les atrocités de la guerre au travers d’images et de mots simples et épurés», a déclaré le professeur associé Nguyên Công Ly, de l’Université des Sciences sociales et humaines de Hô Chi Minh-ville.
Le talent de Giang Nam s’est révélé assez tôt. Né en 1929 dans un petit village rattaché à la province de Khanh Hoà, Giang Nam a joint la Résistance à l’âge de 16 ans alors qu’il était scolarisé à Quy Nhon. Il a donc été envoyé au service de la Culture et de l’Information pour codiriger le journal Thang (Victoire), l’actuel journal Khanh Hoà. Son nom de plume, Giang Nam, a été adopté pendant cette période.
Parmi ses poèmes publiés par le journal Thang, Ve vung tam chiêm, «Se rendre dans la zone occupée» en français, est sans doute le plus remarquable. Largement plébiscitée par le public, cette œuvre déplore le massacre de ses seize compagnons d’arme.
... «Ô, la terre saigne encore après mille ans
Quand pourrais-je ne plus porter le ruban de deuil?
Voici la terre occupée, voici notre lutte
Tuons les ennemis, défendons nos villages».
Depuis 1954, la carrière de Giang Nam reste attachée à sa province natale, où il a été co-fondateur du journal Gio moi, «Nouveau vent» en français. De 1961 à 1963, il est responsable du service culturel et artistique de la commission de Communication et d’Éducation de la 6e zone. En 1963, il est élu secrétaire général adjoint de l’Association des Lettres et des Arts pour la libération du Sud et rédacteur en chef du journal Van nghê Giai Phong (Lettres et Arts pour la libération). Il a également occupé d’autres postes importants, tels que membre du comité permanent de l’Association des Écrivains vietnamiens, rédacteur de l’hebdomadaire Van nghê, député à l’Assemblée nationale et vice-président du comité populaire de la province de Khanh Hoà.
«Plus que sa terre natale, pour Giang Nam, Khanh Hoà est sa source d’inspiration, sa motivation de joindre la révolution, les origines de son patriotisme. Il a également découvert de nombreux jeunes écrivains et poètes potentiels de Khanh Hoà», a partagé l’écrivain Dô Kim Cuông, ancien vice-président permanent de l’Union des Associations des Lettres et des Arts.
Giang Nam laisse derrière lui dix recueils de poèmes et d’épopées, ainsi que six recueils de récits. Son œuvre emblématique reste «Pays natal», qui a été mise en musique par Pham Trong Câu.