(VOVWORLD) - Les Cham sont une communauté ethnique vivant essentiellement dans le Centre méridional du Vietnam. Certains de leurs poètes écrivent indifféremment dans leur langue maternelle et en vietnamien, ce qui leur a permis de se faire connaître auprès d’un plus large public. Inrasara, Trà Vigia, Jalau Anuk et Ysa Sumo sont les plus remarquables d’entre eux.
Le poète Inrasara. Photo: VOV
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Né en 1957, Inrasara écrit ses premiers poèmes à l’âge de 15 ans. Mais ce n’est qu’à 40 ans qu’il se fait publier pour la première fois dans un journal. C’était un poème intitulé «La Tour ensoleillée». Les lecteurs et les critiques ont vite pris goût à ses publications suivantes, remarquables autant par leur originalité que par leur caractère philosophique. Il est l’auteur de quelque vingt recueils de poèmes et d’essais sur la culture cham qui lui ont valu plusieurs prix nationaux et internationaux. Inrasara a également écrit quelques romans.
«Mon travail principal consiste à étudier, collecter et traduire la littérature cham. Mais j’écris aussi des poèmes en cham et en vietnamien», précise-t-il. «J’ai beaucoup appris de la poésie cham ancienne, de ses métriques, de ses structures et de ses thématiques traditionnelles. Actuellement, je supervise l’élaboration d’un recueil d’œuvres littéraires d’auteurs cham contemporains. Ce recueil s’intitule Tagalau et il est édité par l’Association des lettres et des arts des minorités ethniques. Les 21 premiers tomes ont déjà été publiés et nous espérons pouvoir publier deux nouveaux tomes chaque année», ajoute-t-il.
Trà Vigia a le même âge qu’Inrasara mais a connu le succès plus tôt, dès l’âge de 15 ans. Il écrit aussi en cham et en vietnamien. Cet extrait vous donnera une idée de son style:
«Combien de fois le printemps s’est-t-il fané
Qui sait
Combien de fois la vie humaine s’est-elle égarée
Perdue
Le bois brûlé laisse du charbon
L’allumette brûlée se perd dans le néant»
Jalau Anuk, un poète né en 1975, s’interroge sur la perte des traditions.
«La tour
La belle langue
La danse mythique et enivrante
La comptine que nous chantions enfants
Tout ça c’est du passé
Il ne nous reste plus que des imitations extravagantes»
Le poète Ysa Umo. Photo: VOV
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Le quatrième et dernier poète cham que nous vous présentons aujourd’hui est Ysa Umo. Ce cinquantenaire de confession musulmane a obtenu le prix d’encouragement lors du concours organisé dans le cadre de la Journée de la poésie vietnamienne 2016 avec son poème dédié aux soldats en garnison dans l’archipel de Truong Sa. Il nous raconte:
«C’est sur l’île de Sinh Tôn que j’ai constaté les immenses difficultés que nos soldats devaient surmonter jour et nuit pour défendre la mer du pays et nous permettre de vivre en paix. Mes émotions ont été telles que je n’ai pu m’empêcher de leur dédier un poème».
Inrasara, Trà Vigia, Jalau Anuk et Ysa Sumo sont d’éminents représentants de la poésie cham mais aussi de la littérature vietnamienne.