(VOVWORLD) - Situé dans la commune de Phuong Trung, en banlieue de Hanoï, le village de Chuông est réputé pour ses chapeaux coniques. Sauf que de nos jours, les villageois qui en fabriquent encore se font de plus en plus rares… Ta Thu Huong, elle, n’en a cure. Du haut de ses 55 ans, elle continue à fabriquer des chapeaux coniques.
Ta Thu Huong. Photo: VOV |
Dans l’atelier de Ta Thu Huong, une bonne dizaine d’ouvriers s’échinent à fabriquer des chapeaux coniques en soie. Sophistiqués et variés en couleur comme en taille, ces chapeaux se vendent entre 50.000 et 70.000 dôngs la pièce. Les plus beaux peuvent atteindre 100.000 dôngs, nous indique Pham Thi Huyên, 38 ans…
«Plusieurs étapes sont nécessaires pour fabriquer un chapeau. Il faut préparer les feuilles de latanier, les faire sécher au soleil et les enfumer. Après ça, il faut créer une armature à base de fils de bambou et la recouvrir de plusieurs couches de latanier. On finit avec une couche de soie à l’extérieur. Un chapeau nécessite en moyenne 5 heures de travail», nous dit-elle.
C’est Ta Thu Huong qui a inventé cette version en soie. Pour Pham Thi Mai, une autre artisane, c’est un parfait mariage entre le chapeau conique traditionnel et la soie, qui est synonyme d’élégance.
«Mes parents ont gagné leur vie comme ça. Avant, quand les gens d’ici n’étaient pas aux champs, ils fabriquaient des chapeaux, c’est aussi simple que ça… Aujourd’hui, il faut s’adapter aux goûts de la clientèle: on fait des chapeaux en soie, des chapeaux peints, des chapeaux brodés… le client est roi!», nous explique-t-elle.
Des chapeaux coniques "rénovés" par Ta Thu Huong. Photo: VOV |
Ta Thu Huong se met à côté de ses ouvriers pour donner des instructions. Il faut dire qu’à 55 ans, elle a près de 50 ans d’expérience! Eh oui, elle a commencé très tôt, ce qui fait d’elle une véritable gardienne du temple.
«Quand j’étais petite, beaucoup de villageois avaient du mal à vendre leurs chapeaux. ‘Aujourd’hui, on n’a rien vendu, pas d’argent pour acheter du riz’... Cette phrase-là, je l’ai souvent entendue… Je l’ai trop entendue! Je suis allée rencontrer des entreprises exportatrices pour leur présenter mes produits et trouver des commandes. Après plusieurs tentatives, il y a une entreprise de Hung Yên qui a accepté de signer un contrat avec moi. À partir de là, j’ai commencé à investir dans de nouveaux modèles», nous raconte-t-elle.
Les chapeaux de Ta Thu Huong se distinguent par leur côté artistique. Ce sont de véritables œuvres d’art avec des motifs sophistiqués et des peintures originales.
«J’ai réussi à exporter beaucoup de lots de chapeaux coniques ‘rénovés’. J’ai inventé différents modèles pour différents pays. Je me rappelle, par exemple, d’un couple d’Autraliens qui était venu ici pour commander des chapeaux… Il fallait différentes tailles, différentes couleurs… Mais bon, j’ai dit oui et je me suis attelée à la tâche…», nous confie-t-elle.
Pour attirer davantage de clients, Ta Thu Huong a inventé une panoplie de produits originaux: chapeaux brodés, chapeaux peints avec des paysages naturels, guirlandes de chapeaux... Chaque année, elle exporte entre 20.000 et 30.000 chapeaux vers le Japon, la République de Corée et l’Europe. Ce commerce lui assure un revenu élevé, à elle, mais aussi à la vingtaine de salariés qui l’épaulent.
«J’ai fini par comprendre le goût des clients. Les femmes aiment ce qui est original et esthétique. Aujourd’hui, mes chapeaux, notamment ceux qui sont en soie, se vendent comme des petits pains. Cette réussite a encouragé beaucoup de villageois à retourner au métier ancestral. Ils gagnent très bien leur vie», se félicite-t-elle.
Cette ambassadrice des chapeaux coniques qu’est Ta Thu Huong contribue donc à préserver et à perpétuer un métier traditionnel en déclin.