(VOVworld)- Tous les samedis et dimanches soirs au marché nocturne de Dông Xuân à Hanoï, le public est attiré par des chants xẩm-chant des aveugles, interprétés par la troupe dirigée par l’artiste Thao Giang. Amoureux et passionné par cet art scénique, Thao Giang souhaite lui rendre ses lettres de noblesse en proposant des cours et en organisant de petits spectacles en plein air pour le public.

 Agé de 70 ans à peine, cet artiste chante toujours avec une voix épaisse et suave. Dès l’enfance, le petit Thao Giang a senti le chant xâm interprété par les aveugles du tramway de Hanoï, lui pénétrer les veines. C’est tout naturellement qu’il a suivi des études musicales au conservatoire de Hanoï en 1958, puis à accéder au poste de professeur du conservatoire. Pour lui, les arts folkloriques possèdent une certaine magie: « C’est un peu ambitieux mais j’aime bien tous les arts folkloriques. Je me passionne  pour les chants spirituels hát văn ou les chants des courtisanes ca trù, le chant alterné quan ho et la musique à 8 instruments. C’est surement une passion innée. Mais pour moi, interpréter le hat xâm est en quelque sorte une tâche ou une contribution à la capitale et au pays »

 

Conscient que le hat xâm est sur le chemin de l’oublie depuis les années 1980, l’artiste Thao Giang a commencé à collectionner les airs dans l’idée de conserver et de réhabiliter cet art traditionnel Hanoïen. Mais apprendre et maintenir le hat xâm, n’est pas une tâche facile car la plupart des interprètes sont trop âgés ou disparus. Animé par la passion, Thao Giang a décidé de réinvestir son salaire de professeur pour organiser des spectacles en province: « J’ai appris des artistes âgés. Auparavant, je collectionnais des airs de xâm, mais je n’avais pas d’appareils pour les enregistrer. J’ai dû donc apprendre à les interpréter en direct. Je trouvais que tous les airs étaient très intéressants. Plus je voyageais, plus je découvrais de nouvelles choses, ce qui m’a permis de m’imprégner des chants folkloriques » a-t-il dit.

En 2005, Thao Giang a collaboré avec le professeur et enseignant du peuple Pham Minh Khang pour créer le centre de développement des arts musicaux du Vietnam. Aujoud’hui, ce centre contribue grandement au rétablissement du chant xâm au Vietnam, de part sa collection, ses recherches, son enseignement et ses spectacles. Thao Giang en est son directeur adjoint.

Le centre de développement des arts musicaux du Vietnam a pour vocation de donner des cours de chant xâm. Car la première nécessité à la renaissance de ce chant est de former la nouvelle génération. La pluplart des élèves du centre sont des étudiants du conservatoire national de Hanoï et de l’école supérieure de la culture et des arts de Hanoï. Vũ Đức Huy est parmi ces jeunes: « J’éprouve une grande admiration envers l’action du professeur Thao Giang. A presque 70 ans, l’âge de la retraite, et il consacre toujours sa vie à la culture nationale et s’investit toujours dans l’enseignement et l’étude au centre de développement des arts musicaux du Vietnam. Il ne rate aucun programme artistique important. Thao Giang intervient directement dans l’enseignement et il nous transmet sa passion pour la musique folklorique vietnamienne »

 

Pour Thao Giang, le chant xâm est plus qu’un art ou un souvenir, il est l’âme de la culture vietnamienne en général et hanoïenne en particulier. Aux yeux des chercheurs-musicologues spécialisés sur les arts folkloriques, Thao Giang est une figure emblématique du xâm. Le compositeur Nguyên Quang Vinh: « Thao Giang est un artiste et un compositeur talentueux. Il a composé plusieurs oeuvres pour les instruments traditionnels joués en solo ou en ensemble. Il peut jouer de la viole à 2 cordes, du luth à caisse ronde et à deux cordes ou encore des instruments à répercussion. Thao Giang est dévoué à la conservation et à la transmission des patrimoines musicaux immatériels du Vietnam ».

Thao Giang a une passion infinie pour le xâm qu’il cherche toujours à préserver. Cet artiste chevronné envisage de créer le club de la musique patrimoniale en vue de transmettre sa passion musicale aux jeunes-futurs maîtres du pays./.