(VOVWORLD) - Cette semaine, nous partons du centre de ville de Hanoï et longeons le fleuve Rouge sur une dizaine de kilomètres, ce qui nous mène tout droit à Dông Ngac, un vieux village, également nommé Ke Ve, qui a connu son heure de gloire à l’époque où la capitale s’appelait encore Thang Long.
Photo: Mai Lan/Kenh14 |
Dông Ngac, c’est quatre siècles d’une histoire étroitement liée au développement de Thang Long. Aujourd’hui rattaché à l’arrondissement de Bac Tu Liêm, le village conserve des vestiges architecturaux qui en font les délices des historiens, au moins autant que ceux des promeneurs. Chaque hameau du village dispose de deux portes, l’une étant orientée vers le fleuve Rouge, l’autre vers les rizières, conformément aux règles de la géomancie orientale. Sinon, on notera que les chemins du village sont dallés de briques en terre cuite. Rien d’étonnant à cela : il existait jadis une convention villageoise qui stipulait que chaque jeune fille désireuse de convoler en justes noces devait auparavant apporter 300 briques destinées à la construction des chemins… Voilà une manière bien pragmatique de régler les problèmes de dot et au moins est-on sûr, à Dông Ngac, de ne fouler que des chemins pavés de bonnes intentions !...
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De nos jours, Dông Ngac abrite encore des dizaines de sanctuaires familiaux et de nombreuses maisons antiques, témoins d’une époque glorieuse, le village ayant été, sous les dynasties des Lê postérieurs, des Mac et des Nguyên, le berceau de nombreux mandarins. Beaucoup de ces maisons antiques ont été construites en bois précieux : lim, bassia, vatica… Dô Quôc Hiên, qui est le chef de la lignée des Dô de Dông Ngac, n’est pas peu fier de son village.
«Notre village était composé de 6 hameaux, au début. Actuellement, il est divisé en 4 quartiers résidentiels. On y trouve beaucoup de maisons à l’ancienne, c'est-à-dire avec trois travées et deux appentis. Vous voyez ce sanctuaire, là-bas, qui est décoré avec des livres, des pinceaux et des sentences parallèles ? C’est au chef de la lignée familiale de s’en occuper. C’est une façon de rappeler des devoirs à chaque membre de la lignée.»
Certaines maisons de Dông Ngac présentent une architecture à la française, notamment celles qui ont été construites au début du 20ème siècle, qui abritaient soit des intellectuels ayant étudié à l’étranger, soit de riches commerçants.
La maison communale de Dông Ngac est un vestige historique national, et à ne serait-ce qu’à ce titre, elle vaut le détour. Construite en 1635, elle est consacrée au culte des trois génies tutélaires du village et aux grandes célébrités locales : entendez par là les très nombreux lauréats des concours nationaux. On peut encore y admirer 48 tableaux en bois, dont 8 en relief, qui décrivent les activités commerciales en vogue dans la société d’antan, ainsi que 7 stèles qui racontent l’histoire de la construction et de la restauration du monument. Pham Quang Dai nous en dit un peu plus…
«Vue d’en haut, la maison communale ressemble à la tête d’un dragon. La porte à trois entrées est considérée comme le nez du dragon, les deux puits d’eau comme les yeux, la salle des cérémonies comme la crête, la maison au milieu et le sanctuaire comme le cou du dragon.»
La pagode, construite au 18ème siècle, est elle aussi classée vestige historique national. Elle abrite des objets de culte précieux. Phan Trac Thuât, l’un des seniors du village :
«C’est un village qui a vraiment une histoire ! La maison communale et la pagode remontent à la dynastie des Lê postérieurs, c’est dire… Et il y a aussi de très nombreux sanctuaires familiaux, qui témoignent d’un sens des traditions solidement ancré ici, comme en témoignent également les nombreuses fêtes villageoises qui sont organisées.»
De nos jours, Dông Ngac préserve encore 45 édits royaux, les plus anciens datant de la dynastie des Lê postérieurs, les plus récents de celle des Nguyên. Mais c’est surtout le seul village, au Vietnam, à avoir conservé intact l’édit du roi Quang Trung.
C’est qu’à Dông Ngac, on ne badine pas avec la tradition…