(VOVWORLD) - À l’ombre des dynasties impériales qui se sont succédé à Hué, un savoir-faire unique s’est développé à Bao La, un village rattaché à la commune de Quang Phu. Depuis plusieurs siècles, les mains expertes de ses habitants transforment le bambou et le rotin en œuvres d’art qui traversent aujourd’hui les frontières, portant avec elles l’âme vietnamienne.
La coopérative Bao La, spécialisée dans l’artisanat en rotin et bambou, est un site incontournable pour les visiteurs en quête de culture et de traditions vietnamiennes à Hué. Photo: Thanh Giang/VNP |
La spécialisation est profondément ancrée dans l’organisation de Bao La. Chacun des six hameaux qui composent le village a développé sa propre expertise: Cho excelle dans le tissage et les tamis, Dông, Chùa, Dinh et Hop façonnent des paniers aux formes variées, tandis que Câu s’est fait une réputation dans la création de plateaux.
Mais pour Vo Van Dinh, le directeur de la coopérative locale, les produits artisanaux de Bao La sont uniques.
«Même s’il existe d’autres villages artisanaux de bambou et de rotin à travers le pays, les créations de Bao La se distinguent par leurs caractéristiques uniques et leur finition plus pointue et plus sophistiquée», nous explique-t-il.
L’artisan Thai Phi Hùng, fort de ses cinquante années d’expérience, nous dévoile les secrets de cette excellence.
«Nos matières premières sont exclusivement le bambou et le rotin, des matériaux écologiques. Chaque étape de fabrication, du sciage à la création des motifs en passant par le fendage et le tissage, est réalisée à la main par nos artisans expérimentés», nous dit-il.
L’étape de fendage des fibres requiert une grande habileté de la part des artisans. Photo: Thanh Giang/VNP |
Si les paniers et ustensiles domestiques constituaient autrefois l’essentiel de la production, Bao La a su diversifier son offre pour répondre aux attentes contemporaines. Aujourd’hui, les artisans façonnent des représentations miniatures des trésors architecturaux de Hué: le pont Tràng Tiên, la pagode Thiên Mu, ou encore des lanternes d’une finesse impressionnante. Cette évolution a valu à certaines créations la certification prestigieuse du programme Chaque commune un produit (OCOP), reconnaissance officielle d’un savoir-faire d’exception. De quoi propulser les produits de Bao La sur les marchés internationaux, où ils séduisent par leur authenticité et leur raffinement. Avec un chiffre d’affaires annuel d’environ 216.000 dollars et des exportations mensuelles de plus de 11.000 dollars, Bao La a transformé son héritage en atout économique. Vo Van Dinh, le directeur de la coopérative locale:
«Notre coopérative investit constamment dans la recherche de nouveaux designs et l’amélioration de la qualité, ce qui nous permet de fidéliser notre clientèle et d’attirer de nouvelles commandes», nous révèle Vo Van Dinh.
La renaissance du village artisanal a eu un impact profond sur la communauté, comme en témoigne Thai Thi Thanh Tuyên, employée de longue date à la coopérative.
«La coopérative nous assure du travail régulier, ce qui nous permet de rester dans notre village tout en subvenant à nos besoins. C’est une grande source de satisfaction pour nous toutes» , nous confie-t-elle.
Un modèle du pavillon de Phu Van en bambou. Photo: Thanh Giang/VNP |
Même son de cloche du côté de sa collègue Nguyên Thi Nguyên.
«Auparavant, ma famille fabriquait des paniers traditionnels, des plateaux et des tamis que nous vendions au marché Dông Ba. Rejoindre la coopérative m’a ouvert de nouveaux horizons. Je rencontre désormais beaucoup de personnes différentes et mes revenus sont bien plus confortables qu’avant», se réjouit-elle.
Conscient que l’avenir de Bao La passe par la diversification, Vo Van Dinh nous détaille la stratégie envisagée.
«Ces dernières années, nous avons investi dans le développement touristique en créant des circuits qui permettent aux visiteurs de découvrir notre artisanat. Nous perfectionnons progressivement des modèles d’accueil plus compacts et attractifs pour offrir aux touristes une véritable expérience immersive», nous indique-t-il.
En visitant Bao La aujourd’hui, on ne découvre pas seulement un village artisanal, mais un modèle vivant de développement durable, où l’âme du Vietnam continue de se tisser, brin après brin, dans la souplesse éternelle du bambou.