La broderie, une véritable institution à Thanh Hà

(VOVWORLD) - Thanh Hà est une commune de la province de Hà Nam qui a ceci de particulier que la broderie y tient lieu de tradition artisanale depuis plus d’un siècle désormais, lui assurant ainsi une renommée qui s’étend à tout le Nord du Vietnam, et même au-delà.
La broderie, une véritable institution à Thanh Hà - ảnh 1La broderie de Thanh Hà connaît son apogée dans les années 1980. Photo: VOVTV

Il faut remonter à la toute fin du 19e siècle, pour retrouver trace des débuts de la broderie à Thanh Hà. C’est un certain Nguyên Dinh Than, né en 1886, qui aurait appris à broder en se rendant dans le village d’An Hoà, et qui aurait ensuite transmis son savoir-faire aux siens, avant que ceux-ci n’en fassent autant… Ce fameux Nguyên Dinh Than est donc considéré comme étant à l’origine de cette corporation de brodeurs qui est devenue une véritable institution à Thanh Hà, et dont Hoàng Ngoc Tuyên est aujourd’hui un membre éminent… 

«Ce n’est que dans les années 1980 que le métier s’est véritablement développé, en devenant la pierre angulaire de l’économie locale. Aujourd’hui, la broderie est le principal moyen de subsistance pour de beaucoup de gens, par ici. Les maîtres réalisent les pièces les plus importantes, tandis que les femmes et les jeunes s’occupent des détails», nous explique-t-il. 

La broderie, une véritable institution à Thanh Hà - ảnh 2L’artisan Hoàng Ngoc Tuyên applique les dernières touches à une œuvre brodée à la main. Photo: VOVTV

La broderie est un art qui exige patience et minutie. Il faut créer un motif et choisir les couleurs avant de passer à la broderie proprement dite… Vient ensuite le lavage, le repassage, les dernières retouches, l’emballage, et enfin, la distribution.

Les artisans brodeurs, eux, ont toute une gamme de produits à proposer, comme nous l’indique Nguyên Manh Thuong, le président de l’association des brodeurs de Thanh Hà: 

«Nous maîtrisons différentes techniques de broderie, et nos motifs sont d’une grande diversité. Ils peuvent représenter des animaux, des fleurs, des plantes, ou même des humains. Nos broderies ornent des nappes, de la lingerie, des sacs, et bien plus encore…», nous dit-il. 

La broderie, une véritable institution à Thanh Hà - ảnh 3Nguyên Manh Thuong, le président de l’association des brodeurs de Thanh Hà. Photo: VOVTV

Tous les habitants de Thanh Hà sont unanimes à reconnaître que la période comprise entre 1975 et les années 2000 aura été une sorte d’âge d’or. À cette époque bénie entre toutes, l’offre suffisait largement à répondre à la demande du marché intérieur et - au moins jusqu’aux années 1990 - à exporter vers l’Union soviétique et l’Europe de l’Est.

À partir des années 2000, les brodeurs de Thanh Hà ont dû chercher de nouveaux débouchés et à faire un effort de modernisation, soutenus en cela par les autorités locales.    Aujourd’hui, certains de leurs produits sont labellisés dans la cadre du programme «Chaque commune, un produit» (OCOP). Nguyên Thi Tuyên, la vice-présidente du comité populaire de Thanh Hà, nous en dit plus… 

«Notre commune accorde une grande importance à la préservation et à l’essor de ce métier. Nous avons des produits exceptionnels, qui ont d’ailleurs été retenus dans le cadre du programme ‘Chaque commune, un produit’, et qui valent le détour», précise-t-elle.  

Le fait est que les produits s’améliorent constamment et qu’à Thanh Hà, quantité rime avec qualité. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Pham Sy Minh, qui est à la tête d’une société d’exportation…     

«Nous importons des matériaux de qualité: des fils de France et des tissus d’Italie. La broderie à la main nécessite des artisans hautement qualifiés. Nous sommes responsables de nos produits, depuis leur fabrication jusqu’à leur distribution. Ils sont d’ailleurs plus coûteux, mais nous en tirons un profit plus élevé», nous fait-il observer. 

Ces dernières années, la broderie à la machine a fait son apparition : ainsi va le monde moderne… Pour Hà Thi Hiêp, de la société An Phuong, c’est une question d’efficacité autant que de rentabilité…  

«Depuis plus de dix ans, nous utilisons des machines à broder. Les clients veulent avoir leurs produit rapidement, et avec la broderie à la machine, les prix sont plus compétitifs sans que la qualité en souffre», note-t-elle. 

Le 27 mai 2021, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a inscrit la broderie artisanale de Thanh Hà au patrimoine culturel immatériel national. Mais aujourd’hui, les produits s’exportent bien, notamment au Japon, en République de Corée, en Italie, en France, aux États-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Suisse.

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