(VOVWORLD) - Située dans le nord du Vietnam, la province d’Yên Bai compte 15 villages dits «de métier et d’artisanat» qui sont surtout actifs dans des domaines tels que la transformation et la conservation de produits agricoles, forestiers ou aquatiques, la fabrication d’objets artisanaux, la transformation de matières premières, la fabrication de meubles, la céramique et la mécanique.
Grâce à ces villages, plus de 70% des communes de la province sont aux normes de la nouvelle ruralité, ce qui se traduit notamment par des créations d’emplois et par une nette amélioration des revenus.
La province d’Yên Bai abrite une trentaine de groupes ethniques. Chaque groupe, en fonction de ses moeurs et coutumes, excelle dans un ou plusieurs métiers traditionnels, qui ont en général des liens étroits avec leur vie quotidienne et culturelle.
Des habitants de la commune de Bao Hung récoltent du thé. Photo: TTXVN |
Cap sur Bao Hung, une commune rattachée au district de Trân Yên, qui compte de nombreuses plantations de théiers. Ce n’est pas n’importe quelle variété de thé qui est cultivée, à Bao Hung, c’est du thé Bat Tiên, un thé de haute qualité qui a, entres autres vertus, celle de répondre aux normes du programme «À chaque commune son produit». Beaucoup d’agriculteurs reconvertis dans la théiculture ont ainsi trouvé le chemin de la stabilité, voire même de la prospérité. C’est par exemple le cas de Vu Ngoc Tê, qui habite le village de Truc Thanh, et qui est aujourd’hui l’heureux propriétaire d’une plantation d’un hectare, laquelle lui garantit un revenu annuel de 200 millions de dôngs. Mais tout a un prix: si le thé Bat Tiên est beaucoup plus rentable que toute autre forme de culture, en tout cas à Bao Hung, il exige beaucoup de soins…
«Pendant la récolte, les familles se réunissent et se relaient chaque jour pour cueillir les feuilles de thé dans les plantations des autres. Les feuilles doivent être cueillies tôt le matin pour éviter que le soleil ne nuise à la qualité du thé», nous explique Vu Ngoc Tê.
Les vermicelles de tolomane font la fierté de Gioi Phiên, une commune rattachée à la ville d’Yên Bai. Actuellement, Gioi Phiên compte 68 producteurs, qui fournissent au marché environ 450 tonnes de vermicelles par an, et qui parviennent ainsi à empocher entre 50 et 70 millions de dôngs. Pham Thi Thu Hà, elle, est aujourd’hui membre d’une coopérative. Mais si l’on en juge par ses propos, elle se sent avant tout la tenante d’une tradition.
«C’est un métier qui se transmet de génération en génération.... Au départ, les gens cultivaient la canne parce que ça permettait de nourrir le bétail. Et ensuite, certaines personnes ont eu l’idée de faire des vermicelles… De là est née une véritable spécialité artisanale, qui au fil du temps, est devenue une affaire commerciale», nous raconte-t-elle.
Le métier de peintre de pierres précieuses. Photo: VOV |
Situé lui aussi dans la province d’Yên Bai, le district de Luc Yên est l’une des plus grandes réserves de pierres du Vietnam. Des rubis, des saphirs, du marbre blanc... Les sculpteurs ont largement de quoi faire, d’autant que leurs produits s’exportent dans le monde entier, et se vendent à des prix d’or, ce qui fait bien évidemment le bonheur de Nguyên Thi Ly Vân, une artisane chevronnée.
«Du choix des pierres jusqu’au façonnage, c’est un travail difficile, qui exige beaucoup de patience et de minutie. Les artisans doivent faire preuve de créativité pour créer des œuvres originales», nous dit-elle.
Les métiers artisanaux de la province d’Yên Bai résistent aux affres du temps et font partie intégrante du patrimoine culturel du peuple vietnamien. Mais ils sont aussi de véritables leviers économiques, comme l’a souligné Nguyên Duc Diên, le directeur adjoint du service provincial de l’Agriculture et de Développement rural.
«Le développement de ces villages contribue à mettre en avant les valeurs traditionnelles et à promouvoir les produits du terroir. Il va falloir maintenant songer à lier cet artisanat au tourisme, le but étant d’améliorer le niveau de vie en milieu rural», nous indique-t-il.
À Yên Bai comme ailleurs, les villages dits «de métier et d’artisanat» sont à la croisée des chemins, entre tradition et modernisation. Mais ils sont bel et bien vivaces…