(VOVworld) - Réussite ou échec ? Les Pu Peo croient que la destinée d’un homme est décidée par les éléments géomantiques de la maison qu’il possède. Ils accordent donc une grande attention au choix du terrain où ils érigent leurs habitations.

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Les Pu Peo vivent dans les vallées, milieu idéal pour pratiquer la riziculture, l’apiculture et l’élevage. Quand ils doivent choisir un terrain pour construire leur maison, ils ont recours à la divination. Pour s’assurer que le terrain est propice, le propriétaire creuse un trou au coeur de la parcelle de terre et jette quelques grains de riz qu’il recouvre avec un bol. Trois jours après, il soulève le bol pour découvrir la réponse du génie du sol. Si les graines sont restées intactes, cela signifie que le terrain est favorable. A l’inverse, il devra chercher un autre terrain. Lu Pa Sau, de la province de Hà Giang :

« Les travaux commencent par l’installation du pilier principal, l’axe majeur de l’ossement de la maison. Puis, on se met à bâtir les mûrs en terre battue. On préfère la terre jaune à la terre noire, parce que la seconde est moins résistante que la première. On place des troncs de bambou comme une armature à l’intérieur des murs pour consolider la structure. Les travaux durent en principe deux semaines. »

Jadis, les Pu Peo habitaient dans des maisons sur pilotis, une tradition perpétuée par plusieurs minorités ethniques du nord. Compte tenu du rapport très particulier que la communauté entretient avec la nature, elle ne souhaitait plus construire des maisons sur pilotis qui nécessite d’abattre des arbres. Les Pu Peo ont donc créé un concept, plus « écologique », pour défendre la nature. Désormais, la maison repose sur des fondations en pierre, avec les murs en terre battue. Luu San Van, folkloriste :

« On confectionne une sorte de ciment à base d’argile fine et de pierre, capable de résister aux affres du temps pendant des siècles. »

Il faut généralement sept hommes pour construire une maison. Quatre vont préparer la terre, un va la battre et les deux derniers s’attèleront à la maçonnerie. Une maison haute de 5,5 mètres a besoin de murs de 50 cm d’épaisseur. M. Van, encore :

« Les murs sont confectionnés de bas en haut à l’aide d’une armature. La partie proche de la toiture est moins épaisse que celle proche du sol. Il faut lisser minutieusement la terre pour qu’elle soit uniforme et résiste à l’eau. »

Leurs habitations sont adossés à la forêt et orientées vers le sud, la direction idéale pour avoir un mileu tempéré. La toiture est recouverte de chaume ou de paille. M. Van, toujours :

« Une maison traditionnelle est constituée de 3 travées et d’une double toiture, aujourd’hui recouverte de tuiles. La principale travée est située au milieu avec deux travées latérales.  La cuisine, se trouve normalement sur la droite et  se compose de deux foyers, orientés vers le soleil. C’est un lieu très important. Il faut offrir un coq bouilli aux génies avant de construire la cuisine. »

La porte principale est installée dans la travée au milieu et la maison comporte cinq fenêtres pour accueillir le soleil. Les Pu Peo aiment aussi ériger une large mézzanine, c’est-à-dire des planchers en surplomb qui serviront de dépôt ou comme chambre à coucher pour les invités.

Avant d’emménager, toute la maisonnée doit organiser une cérémonie rituelle pour informer les ancêtres et les génies de leur arrivée. Un chaman est invité pour diriger les rites, qui commencent par la cuisine jusqu’à la porte d’entrée. La cérémonie débute au petit jour et doit se terminer avant l’apparition du premier rayon du soleil. Un petit festin a lieu à midi, en présence des proches et des voisins.