(VOVWORLD) - L’Arieu
ping est une fête pour les morts qui a lieu tous les 5 ou 7 ans. En fait, dès
que les Pa Ko disposent de moyens financiers suffisants, ils organisent cette
fête qui dure deux à trois jours. Toute la communauté participe à l’exhumation
d’ossements, à la remise en état et à l’embellissement des tombes. Les
villageois croient que ces pratiques leur apporteront la paix, la stabilité et
une vie exempte de maladie.
Les familles qui commémorent
leurs morts érigent des perches au pied desquelles sont attachés des
buffles, des bœufs, des chèvres et des cochons - Photo: Dan tri
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Il n’y
a pas de fête sans festin, chez les Pa Ko. Et ce même quand il s’agit d’une
fête des morts. Toutes les familles préparent des offrandes et des denrées
alimentaires en grande quantité pour recevoir des invités. Le premier jour de
la fête, certains villageois se rendent dans la forêt qui fait office de cimetière,
pour exhumer les ossements et les mettre dans de petites boîtes qu’ils
déposeront ensuite dans un ossuaire que les autres ont érigé à cette occasion.
Il s’agit en fait d’une cabane située au milieu du village, qui abrite les
ossements et les offrandes.
Les
principales pratiques rituelles se déroulent le deuxième jour, lorsque les
invités des villages voisins investissent le terrain en tenues traditionnelles.
Ils chantent et dansent joyeusement, jouant du cor, du gong et du tambour. Le
cortège évolue en cercle autour du terrain rituel. Les familles qui commémorent
leurs morts ce jour-là érigent des perches au pied desquelles sont attachés des
buffles, des bœufs, des chèvres et des cochons. Le moment venu, le patriarche
villageois prononce une prière, sorte d’exhortation au cours de laquelle les
défunts sont pris à témoin de la piété de leurs descendants.
«Nous,
habitants du village Le Trieng, organisons aujourd’hui l’Arieu ping selon les
pratiques anciennes. Des invités plus ou moins lointains sont venus. La
fête est joyeuse et nous serions heureux de vous compter parmi nous. Distingués
ancêtres, nous allons remettre en état et rénover vos abris. Bénissez-nous en
nous apportant santé et en facilitant nos affaires. »
Le
deuxième jour de la fête donne aussi lieu à des compétitions de gongs et de
sports traditionnels, notamment le tir à la corde, version perche de bambou ou
encore le tir à l’arbalète. Le village vit alors au rythme effréné des tambours,
des gongs et des cris d’encouragement.
Le
troisième jour de la fête est le plus spirituel. C’est le moment de dire au
revoir aux ancêtres. Les parents proches et les voisins viennent brûler des
bâtonnets d’encens à leur mémoire dans l’ossuaire qui a été érigé au premier
jour. Suite à cet hommage, les boîtes contenant les ossements seront enterrées
de nouveau dans les maisons tombales que les villageois auront préparées à cet
effet. Hoang Thi Lien, une chercheuse en ethnographie:
«L’Arieu
ping est une fête traditionnelle qui a été allégée pour n’en garder que
l’essentiel, ce qui est de plus beau. C’est l’occasion pour les Pa Ko
d’exprimer leur reconnaissance envers leurs ancêtres et de renforcer la
solidarité villageoise.»
En
effet, en plus de rendre hommage aux morts, les Pa Ko profitent des deux ou
trois jours de fête pour discuter et tenter de trouver ensemble des solutions à
des problèmes communs du village. L’Arieu ping, c’est surtout une fête qui
met en avant l’esprit communautaire.