(VOVWORLD) - Les Kho Mu, l’une des communautés ethniques du nord du Vietnam, vénèrent le génie du feu qu’ils considèrent comme générateur de prospérité et de bonheur. Dans leur maison, le foyer ne sert pas seulement à cuisiner des plats. C’est aussi un lieu de culte.
 Photo: Tòng Duc Anh/ VOV |
Pour les Kho Mu, le feu représente la vie. Aussi l’emplacement du foyer doit-il respecter des règles strictes, comme nous l’indique Quàng Van Ca, domicilié à Muong Ang, dans la province de Diên Biên.
«Après avoir construit sa maison, le maître de céans sollicite généralement l’aide de l’un de ses beaux-frères pour installer la cuisine. Le respect de la famille de sa femme est censé apporter chance à la sienne», nous explique-t-il.
Dans une maison sur pilotis traditionnelle Kho Mu, il existe obligatoirement deux foyers utilisant du bois, l’un se situant tout au fond et l’autre, dans le compartiment central, juste au-dessous de l’autel des ancêtres. Cet endroit est strictement interdit aux étrangers : seuls les membres de la famille sont autorisés à y accéder.
«Le foyer au milieu de la maison sert à faire bouillir de l’eau et à cuisiner tous les plats, excepté le riz et la viande grillée», nous fait savoir Quang Van Ca.
Après avoir trouvé la direction idéale pour chacun de ses deux foyers, le maître de céans fabrique deux cadres carrés en bois solides de 20 cm de haut. Chaque cadre, d’une superficie de 4 à 5 m2, est composé de quatre morceaux de bois d’environ 10 cm de diamètre. Il est posé sur une couche d’écorce de bananier, et rempli de la terre prélevée à même l’endroit où il sera installé. La terre y est mise par couche, chaque couche étant arrosée d’eau et pilée à l’aide de brique ou de pierre pour devenir compacte.
 Photo: Tòng Duc Anh/ VOV |
Et ainsi de suite, jusqu’au remplissage complet du cadre en bois servant de fondement du foyer, qui assure une excellente isolation thermique pour le plancher. Le trépied sera formé par trois pierres à moitié ensevelies au milieu de ce fondement. Quàng Thi Vu, une autre habitante de Muong Ang, nous en dit plus.
«Le foyer installé au fond de la maison est un endroit très sacré, qui ne sert qu’à cuisiner le riz, à fabriquer de l’alcool et à accueillir la naissance des bébés. Auparavant, les femmes Kho Mu accouchaient à la maison, avec l’aide de proches expérimentées. Ce foyer servait alors à faire bouillir de l’eau pour laver les nouveaux-nés. Il restait allumé durant le post-partum pour tenir au chaud la maman et son bébé», précise-t-elle.
Selon la coutume, quand le maître de céans meurt, toutes les affaires de cuisine doivent s’effectuer dans la cuisine située au fond de la maison. En revanche, si sa femme meurt, seule la cuisine située au milieu de la maison sera utilisée.
En plus de son utilité culinaire, le foyer est également le lieu de rassemblement familial par excellence pour discuter et échanger. Les femmes profitent aussi de la lumière du feu pour faire leurs coutures et tisser. Le génie du feu et du foyer veille sur cette communauté, lui apportant chance et la protégeant des mauvais esprits…