Choisir un prénom n’est pas une mince affaire...

(VOVworld) - Chez les Giay, les nouveaux-nés font toujours la joie de leurs familles, c’est bien connu. Leurs parents s’empressent de leur choisir un prénom, chargé de toutes les attentes qu’ils placent en eux, ce qui n’est pas peu dire...  

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Photo d'illustration : internet


Choisir un prénom n’est pas une mince affaire. C’est en tout cas une affaire de famille puisque la tradition veut en effet que la parentèle du nouveau-né se réunisse soit la veille, soit le lendemain du jour où celui-ci a tout juste un mois.  

Les Giay ne sont pas regardants sur le sexe de l’enfant. Fille, garçon, peu importe... Par contre, ils accordent une plus grande importance à l’aîné qu’au puîné, y compris pour le baptême. Entendons-nous bien sur le sens du mot « baptême » qui n’a aucune connotation chrétienne ici, mais qui désigne tout simplement le fait d’attribuer un prénom. San A Son, de la province de Lào Cai :

« On attend en général 33 jours après la naissance du bébé pour choisir son prénom. On organise alors une grande fête à laquelle est conviée toute la parentèle. »  

Si la présence d’un maître des rituels est facultative, les offrandes aux aïeux ne le sont pas. Il convient donc de disposer du porc, du poulet, du canard, des fleurs et de l’encens devant l’autel des ancêtres. Le bébé, porté par une tante ou par ses grand-parents paternels, est présenté pour la première fois à ses ancêtres. San Chang, folkloriste :

« Les parents du bébé doivent préparer un plateau sur lequel ils disposent huit gobelets d’alcool, un vase contenant des baguettes d’encens et un bol de riz au-desus duquel on place un oeuf dur. Le couple doit présenter ce plateau aux patriarches de leurs lignées qui sont invités à choisir un prénom pour le bébé. On commence toujours par le doyen de la famille. Il prononce le prénom choisi, puis essaie de mettre une poignée de riz sur l’œuf. Si le riz colle adhère à l’œuf, ce prénom-là est avalisé. Sinon, il faut recommencer !»

Mais attention ! Il y a des prénoms interdits, à commencer par ceux des autres membres de la famille, trois générations confondues.    

Une fois que le prénom est choisi, on trinque et on vide les gobelets d’alcool avant d’offir au bébé un tas de cadeaux et de jolis mots dont il n’a cure, vu son très jeune âge. Des bracelets, une pièce de monnaie en argent, des friandises... comme quoi, le mythe de l’enfant gâté a la vie dure !... San Chang, toujours :

« Les grand-parents de la lignée maternelle sont également invités. La tradition veut qu’ils préparent un porte-bébé et des layettes qu’ils remettent à l’autre famille une fois le prénom choisi. A ce moment là, ils interprètent un air folklorique relatant les étapes de la confection du porte-bébé et des layettes tout en adressant des voeux au bébé. »      

Il faut savoir que le prénom choisi est aussitôt étrenné : il sert à désigner les autres membres de la famille qui ne sont plus « untel » ou « unetelle », mais, si X est le prénom choisi, « le père de X », « la mère de X », « le grand-père de X », « la grand-mère de X »... San A Son :

« On appelle chacun des membres d’un jeune couple marié n’ayant pas encore d’enfant par son prénom. Mais après le premier enfant, chacun est désigné en fonction du prénom choisi pour le nouveau-né. »  

Ce prénom traduit toute la fierté des parents Giay. Ne pas les appeler « père de X » ou « mère de X » reviendrait à commettre un impair. Il n’y a rien de tatillon là-dedans : c’est une manière de signifier que les générations se succèdent et que la lignée se poursuit.

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