(VOVWORLD) - Les Phù La sont une communauté ethnique de 12.000 personnes vivant principalement dans les provinces de Lào Cai, Yên Bai, Diên Biên et Hà Giang. Parmi les nombreuses traditions qu’ils préservent encore jusqu’à ce jour, l’une des plus originales consiste en la chasse des mauvais esprits.
Photo: nhandan.vn |
La chasse des mauvais esprits est, avec la cérémonie en l’honneur du génie de la forêt, l’une des deux fêtes communautaires les plus importantes des Phù La. Chaque année, avec l’aide d’un chaman, les patriarches villageois choisissent un jour faste pour effectuer ce rite. Ils croient que c’est le jour où les mauvais esprits seraient tentés d’attaquer le village et qu’il convient donc de les chasser pour laisser la place aux bonnes choses. Vàng Ghi Nho est un chaman réputé à Sa Pa...
«Nous organisons une cérémonie de culte pour prier les divinités de veiller sur la santé et le bien-être des villageois et des animaux, mais aussi pour souhaiter que les affaires marchent bien et que les villageois rencontrent beaucoup de chance», nous explique-t-il.
Comme c’est un événement communautaire, toutes les familles doivent apporter leur part qui consister en des légumes et des fruits cultivés à la maison ou des friandises. Chaque famille prépare également un plateau d’offrandes chez elle contenant un coq, un bol de riz et une bouteille d’alcool.
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Pour ce qui est de la cérémonie villageoise, les offrandes indispensables sont un chien et deux coqs, l’un ayant des plumes blanches et l’autre, des plumes rouges. Les Phù La croient en la capacité de ces animaux de chasser les mauvais esprits.
Chaque famille est également tenue de fabriquer un couteau et un fusil en bois. Une plaque de vannerie avec des trous ronds réguliers rappelant des yeux de renard est accrochée en haut des portes d’entrée des maisons, une plaque pour chaque porte afin d’empêcher les mauvais esprits d’entrer. Il convient de noter que fidèle à la tradition, chaque famille organise sa propre cérémonie d’invocation des ancêtres avant de procéder à la cérémonie villageoise.
À l’heure choisie, les hommes apportent les offrandes vers un terrain assez vaste situé à l’entrée du village, comme l’indique Vàng Ngoc Sang, un maître d’art folklorique de Sa Pa.
«Sur le plateau d’offrandes, on installe également les couteaux et les fusils en attendant l’arrivée du chaman. Celui-ci vient avec deux roseaux longs de plus d’un mètre chacun. Il les attache pour faire un balai», précise-t-il.
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Dans une atmosphère solennelle, le chaman armé de son balai magique se rend dans chaque maisonnée. Il informe les ancêtres familiaux avant de procéder au rite de balayement. Le chef de famille jette de son côté des grains de maïs vers les coins de la maison pour en chasser les mauvais esprits. Après avoir effectué ce rite dans toutes les maisons, le chaman revient au terrain à l’entrée du village pour la cérémonie communautaire.
Dès que le chaman et son cortège sortent d’une maison, les portes sont immédiatement fermées. Elles ne seront rouvertes qu’après la fin de la cérémonie villageoise.
C’est une véritable fête lorsque tous les villageois, tous âges confondus, chassent les mauvais esprits avec leurs armes et leurs grands cris, les repoussant jusqu’à l’entrée de la forêt. Ils plantent alors leurs armes sur terre pour constituer une barrière empêchant le retour de ces éléments maléfiques. Selon la tradition, au cours des trois jours après la cérémonie, les familles ne doivent ni chanter ni provoquer de grands bruits dans la maison. Il est également strictement interdit d’utiliser une autre langue que leur langue maternelle durant ces jours.