(VOVworld)- Lorsque les pluies de mousson arrivent sur les Hauts Plateaux du Centre et que les bourgeons font leur apparition, une nouvelle saison festivalière débute. Les Ede Bih, qui habitent le hameau de Trap, un hameau du district Krong An, lui-même rattaché à la province de Dac Lak, célèbrent ce festival printanier en jouant des gongs qui leur sont spécifiques. Ces gongs Jho ont notamment la particularité de n’être joués que par des femmes.
Aduon Nho, qui est déjà septuagénaire, a consacré les deux tiers de son existence à la troupe de gongs de son hameau. Pour elle, faire sonner les gongs est une chose aussi naturelle que respirer, manger ou boire. C’est sa mère qui l’a initiée, lorsqu’elle avait 10 ans. Inutile de préciser qu’elle connaît absolument par cœur tout le répertoire, si tant est qu’il y ait un répertoire puisqu’il s’agit de musiques de tradition orale.
Un ensemble de gongs Jho comprend 3 paires: les mères, les pères et les enfants. Accompagnés par le tambour Hogo, ces trois paires de gongs produisent différents types d’accords, comme une lente invocation. Aduon Nho: « Ma mère m’a initié à ce plaisir quand j’étais encore très petite. Ces gongs Jho font la fierté des Ede Bih. Il faut dire que c’est quelque chose d’unique en son genre! Il ne faut pas oublier le rôle essentiel du tambour Hogo qui maintient la pulsation rythmique, mais surtout qui apporte une touche unique à l’ensemble. On est vieilles, maintenant, mais on aime encore donner des spectacles et initier les plus jeunes du hameau. »
H’Hom H’mok, 18 ans seulement, a déjà 10 ans de participation à la troupe de gongs à son actif. Elle est aussi très vite tombée amoureuse de son instrument et s’est mise à vivre à son rythme bien particulier. H’Hom H’Mok part souvent pour des spectacles à travers tout le pays: « Je sais que c’est difficile de bien jouer des gongs. Ce n’est pas si simple que de regarder les autres jouer. J’ai été découragée bien des fois, mais je me suis toujours accrochée. Je veux faire quelque chose pour préserver cette identité, cette tradition. Si tu comprend les gongs, tu les trouvera très intéressants! »
Les jeunes filles qui se passionnent pour les gongs sont de plus en plus nombreuses. H’Mly H’Mok, une autre adepte des gongs, aime bien essayer de comprendre ce qui rend cet instrument si spécial: « Je voudrais apprendre des pièces plus difficiles pour pouvoir me produire sur scène et présenter la culture de mon ethnie au public. J’espère que les jeunes comme moi s’attacheront davantage à cette culture traditionnelle. »
Des pièces de gongs sont incontournables lors de la fête du nouveau riz chez les Ede, nous a confié H’Riu H’Mok, qui dirige la troupe de gongs du hameau de Trap. La fête se termine par une cérémonie de transmission des gongs aux jeunes générations, symbole de la transmission des travaux, du culte, et plus généralement de tout ce qui fait l’identité de la communauté.
Dans le hameau, plusieurs générations jouent ensemble du gong avec passion et enthousiasme. Les mères et les filles sont en train de réaliser leur rêve, où les gongs résonnent sans cesse dans les futaies du Tây Nguyên./.