(VOVWORLD) - Les Chut sont ce qu’on appelle une ethnie ultra-minoritaire: environ 6000 personnes!... Une partie de ces personnes vit à Huong Khê, qui est un district rattaché à la province centrale de Hà Tinh. Autrefois, les Chut vivaient dans la forêt, «à la sauvage». Ce sont les gardes-frontières locaux qui les ont sortis de la jungle pour les sédentariser. Et c’est ainsi que petit à petit, les Chut ont abandonné bien des coutumes obsolètes tout en préservant nombre de leurs pratiques ancestrales, dont la fête Lâp Lô.
Direction Rào Tre, le village qu’occupent les Chut dans le district de Huong Khê. Nous sommes au 7e jour du 7e mois lunaire. La fête Lâp Lô a lieu à l’entrée de la forêt. Les villageois sont réunis autour du chaman qui invoque les divinités.
«Ô esprits de la forêt, ô divinités, ô chers disparus! Aujourd’hui, 7e jour du 7e mois lunaire, nous vous invitons à la fête Lâp Lô», commence-t-il. «Nos offrandes sont modestes, juste un peu de riz, de viande de porc, de poulet, de noix d’arec, de feuilles de bétel, de fleurs et d’encens. Au nom des villageois, je vous prie de venir partager notre nourriture, de nous bénir et de nous apporter santé, chance, bonheur et prospérité.»
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Après cette prière, le chaman prend une poignée de riz dans le bol situé sur le plateau, qu’il disperse généreusement dans les quatre directions cardinales à l’attention des esprits de la forêt, des divinités et des morts. La cérémonie terminée, un jeune villageois costaud transportera le plateau d’offrandes chez le chaman, où il sera partagé par tous les villageois. La musique retentit alors et ne s’arrête plus… On chante, on danse et on s’amuse toute la journée durant. C’est que Lâp Lô est avant tout une fête agricole, comme nous explique Nguyên Tiên Bao, un habitant de Rào Tre.
«La fête Lâp Lo a lieu après les semailles. Les Chut l’organisent pour informer les divinités et les ancêtres qu’ils ont fini ce travail champêtre et solliciter leur bénédiction», nous dit-il.
Outre Lâp Lô, la deuxième grande fête traditionnelle des Chut est la fête du riz nouveau, qui a lieu au 11e mois lunaire, après les moissons. À chacune de ces occasions, ils invitent les gardes-frontières. Ces soldats sont devenus pour eux comme des membres de leur famille: ils les ont aidés à avoir une vie meilleure.
«Autrefois, les Chut vivaient essentiellement de la chasse et de la cueillette. Nous leur avons appris de nouvelles techniques de production, leur avons enseigné la langue vietnamienne et les avons familiarisés avec le mode de vie sédentaire», explique le colonel Vo Trong Hai, chef de la garde-frontière de la province de Hà Tinh.
Et cela fait presque une vingtaine d’années que les Chut ont abandonné leur vie nomade pour s’installer confortablement à Rào Tre, où ils reçoivent des aides des soldats, des autorités locales et de certaines entreprises et organisations sociales.