(VOVWORLD) - Vivant en haute montagne, les Mông ont l’habitude de porter sur le dos, dans une hotte, leurs récoltes, des objets de leur vie quotidienne, voire leurs bébés. Si la hotte est le sac à dos par excellence de tous les Mông, seuls les hommes sont habilités à la tresser.
Imaginez un peu… Les femmes vont au marché, leur hotte sur le dos, alors que sur la terrasse de leurs maisons, les hommes tressent assidûment… des hottes. Voilà bien une image d’estampe des villages Mông de la province septentrionale de Son La...
Dans cette communauté, la fabrication du papier, la broderie et la confection des vêtements sont l’affaire des femmes tandis que la vannerie est l’apanage des hommes. C’est en tout cas ce que nous a révélé Vu Sua Ly, le patriarche du village de Pha Khuông, pour qui la hotte est l’ustensile montagnard par excellence.
«Nous les Mông, nous habitons les endroits les plus élevés et les plus accidentés qui soient… Aussi avons-nous inventé la hotte pour pouvoir transporter notre maïs et notre riz à travers toutes ces roches calcaires aux aspérités coupantes et ces pentes élevées et infranchissables pour les chevaux», nous dit-il.
À 70 ans, Vu Sua Ly continue de tresser des hottes.
«C’est à 20 ans que j’ai tressé les premières hottes. Le secret d’une bonne hotte réside dans le bambou qui la constitue. Les vieux bambous sont évidemment plus résistants que les jeunes. On les coupe en lamelles d’un centimètre de large, en prenant soin de séparer les lamelles issues de l’intérieur du bambou de celles qui proviennent de l’écorce», précise-t-il.
Le vannier commence par le fond rectangulaire de la hotte qui épousera progressivement une forme cylindrique, et dont l’ouverture supérieure sera constituée d’un cercle de bambou dur, de 20 à 50 centimètres de diamètre. Le fond et l’ouverture sont consolidés par des lamelles de rotin ou de jeune bambou qui ont été mises à sécher au-dessus du foyer pendant plusieurs années. Les anses sont aussi faites de fibres végétales.
La fabrication des hottes a aussi sa saison. C’est entre juin et septembre, quand il pleut beaucoup et que l’humidité rend les fibres de bambou plus flexibles et plus résistantes. C’est aussi le moment où les hommes ont été libérés de leurs travaux champêtres et où ils sont par conséquent disponibles et prêts à tresser l’objet qui incarne leur espoir d’une récolte abondante.
Dans sa hotte, une femme Mông porte ce qu’elle a à vendre et ramène ce qu’elle a pu acheter avec l’argent obtenu. Photo: VOV |
Tous les Mông, de 7 à 77 ans, mais pas que, ont leur hotte fétiche. Quand ils vont au champ, leur hotte contient leur déjeuner et leurs outils de travail. Quand ils rentrent, ils y mettent en plus leur récolte. À la maison, la hotte sert de contenant pour toutes sortes de denrées alimentaires. Quand elles vont au marché, les femmes portent ce qu’elles ont à vendre et ramènent ce qu’elles ont pu acheter avec l’argent obtenu. C’est d’ailleurs ce que fait Và Thi Và, une villageoise de Pha Luông.
«Mes parents ont mis sur mon dos une hotte quand j’étais encore enfant, pour aller au champ. C’est un objet très pratique, sinon indispensable, surtout pour les femmes qui ne savent pas conduire la moto comme moi», nous confie-t-elle.
Et c’est ainsi que la hotte en particulier et la vannerie traditionnelle en général ont survécu, survivent et survivront aux affres de la modernité…