(VOVWORLD) - Si l’épée de Damoclès signifie en culture occidentale qu’un danger constant peut nous frapper, l’arbre de Damoclès que nous vous présentons aujourd’hui n’a rien de dangereux, en tout cas pour les Thai vivant dans le Nord-Ouest du Vietnam, qui en consomment les fruits, lesquels ressemblent à des épées suspendues, d’où ce nom évocateur.
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Ces «épées» comestibles mesurent entre 40 et 80 cm de long, et entre 5 et 7 cm de large. Elles sont matures pendant la saison des pluies, c'est-à-dire entre juillet et septembre.
Les Thai les cueillent dans la forêt et les grillent sur de la braise, pour faire dorer leur peau. Ensuite, ils enlèvent toute la partie grillée, lavent les fruits, et les coupent en dés. Les fruits sont alors prêts à être consommés, accompagnés de divers types de feuilles médicinales et aromatiques et d’une sauce faite de graines pilées. Ces graines proviennent aussi de divers types de fruits qui sont omniprésents dans la cuisine locale.
Maîtres de l’art culinaire à base de plantes, les Thai ont plusieurs façons de consommer ces «épées de Damoclès». Ils veillent juste à cueillir les fruits avant qu’ils atteignent la longueur critique de 60 cm, au-delà de laquelle ils seraient trop fibreux, comme nous l’a expliqué Tong Thi Biên, une Thai de Son La, qui visiblement, est passée maîtresse dans l’art d’accommoder les plats...
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«Certains préfèrent la salade, mais là aussi il faut d’abord soit griller soit faire bouillir les fruits avant de les assaisonner avec du sel, du nuoc mam, du glutamate, des herbes aromatiques, du gingembre, de la citronnelle, du piment. En général, on saupoudre le tout d’une couche de cacahuètes et de sésames. Cela étant, certains préfèrent manger ces fruits juste bouillis, d’autres encore les coupent en fines lamelles et les font sauter avec de la viande de buffle ou de porc», précise-t-elle. «Quelle que soit la façon dont on les prépare, ces fruits sont délicieux».
La demande va croissant, si bien que les Thai plantent aujourd’hui l’arbre de Damoclès dans leurs jardins. Cet arbre résiste bien à la sécheresse et à la chaleur et ses fruits, en plus de répondre à la consommation domestique, sont très prisés sur le marché. Quàng Thi Liên, qui est une autre Thai de Son La, en a fait son principal gagne-pain.
«Autrefois, dans les zones montagneuses, personne ne vendait ces fruits qui étaient strictement réservés à la consommation familiale. Mais aujourd’hui, la demande est tellement grande que les villageois les vendent. En tant que grossiste, je les leur achète pour les revendre au marché, de 20 à 50 fruits par jour», indique-t-elle.
Les fruits de l’arbre de Damoclès font désormais partie du menu de tous les restaurants à Son La. Nguyên Van Luong, venu de la province centrale de Hà Tinh, est actuellement en mission à Son La.
«Ces fruits ont un goût légèrement amer, mais ils vont à merveille avec les feuilles aromatiques dont seuls les Thai ont le secret», nous dit-il.
Nous sommes en pleine saison de fructification de l’arbre de Damoclès, dont les épées sont juste destinées à tuer… la faim.