(VOVworld) - Les K’ho sirotent leur alcool de riz avec des chalumeaux en bambou uniquement lors d’événements importants: fêtes, cérémonies rituelles, réceptions...
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Photo: bienphongvietnam |
Le riz servant à faire l’alcool est une variété plantée sur le flanc des montagnes. Une fois cuit, il est mélangé avec du paddy, applati et séché au soleil. Certains K’ho y ajoutent du manioc ou du maïs. Quant à la levure, elle est également faite avec du riz et certains types de feuilles. Tout ce mélange est conservé pendant un mois dans une jarre bouchonnée avec des feuilles de bananier séchées.
Lorsqu’ils s’en servent, les K’ho enlèvent le bouchon de feuilles sèches pour le remplacer par un nouveau bouchon fait avec des feuilles fraîches, des feuilles de bananier toujours, après avoir rempli la jarre d’eau. Les buveurs transpercent cette couche de feuilles pour siroter le liquide, lequel sera complété par de l’eau au fur et à mesure qu’il est consommé.
Cela étant, il faut savoir que plus l'alcool vieillit, plus il devient précieux: exactement comme les grands crus du bordelais.
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Photo: tripssaving.com |
Les K’ho croient que leurs jarres sont habitées par Giang Tor Nom, le dieu de l’alcool de riz, d’où l’importance particulière sinon le grand respect qu’ils accordent à ces objets qu'ils ne fabriquent pas eux-mêmes, préférant les acquérir au moyen du troc. Oui, je vous entends ici, une jarre, ça doit pouvoir s'échanger facilement contre quelques petites breloques sans importance. Eh bien détrompez-vous! Il est des jarres dont la valeur équivaut à plusieurs dizaines de bœufs. La fortune d’une famille s’évalue d’ailleurs au nombre de jarres dont elle dispose. Aussi les K’ho fortunés sont-ils de grands collectionneurs de jarres, comme nous l'explique Luu Danh Doanh, un spécialiste des minorités ethniques du Tay Nguyen:
«S’il fallait retenir deux objets parmi les plus précieux pour un K’ho, ce seraient son couple de gongs Dong La et ses jarres d’alcool. Chaque famille en compte au moins deux qui ne servent pas seulement à contenir de l’alcool mais aussi à montrer la richesse du propriétaire.»
Dans la vie communautaire des K’ho, l’alcool de riz et les gongs sont indissociables. Les désaccords et le petits contentieux mis de côté, on sirote l’alcool et on danse aux sons des gongs et des tambours. Mais lors des cérémonies rituelles, il y a aussi des règles à suivre si vous voulez boire de l’alcool comme un K’ho. La personne qui verse de l’eau dans la jarre doit être une belle jeune femme habile. Habile parce qu’elle ne doit laisser échapper aucune goutte d’eau de la jarre, tradition oblige.
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Photo: tripssaving.com |
Depuis la nuit des temps, siroter l’alcool avec des chalumeaux fait partie intégrante de la vie des K’ho. K’Thi Son, membre de cette ethnie :
«Cet alcool nous est indispensable lors des fêtes traditionnelles, pour accueillir le riz nouveau par exemple. Ce sont mes parents qui m’ont appris à faire cet alcool. J’en fais tous les ans et comme j’ai acquis une certaine réputation, beaucoup de clients me demandent d’en faire pour eux.»
En effet, d’une boisson rituelle, l’alcool de riz des K’ho est devenu un produit prisé des touristes qui participe à l’élévation du revenu des autochtones, au même titre que l’horticulture, l’élevage des vers à soie, de fabrication de soie et de brocatelles.