Le culte de la fontaine des Ede

(VOVWORLD) - Chaque année, vers la fin du 12ème mois lunaire, les Ede organisent une cérémonie en l’honneur du génie de l’eau. Ils lui rendent hommage, à lui et à toutes les autres divinités qui leur auront permis de faire de bonnes récoltes, tout en les priant de continuer à les protéger.
Le culte de la fontaine des Ede - ảnh 1Chaque année, vers la fin du 12ème mois lunaire, les Ede organisent une cérémonie en l’honneur du génie de l’eau - Photo Hoàng Anh/Báo Tin tức 

Même s’ils vivent au beau milieu de la jungle, les Ede choisissent en général de s’établir près des sources d’eau. Chaque fois qu’un village Ede veut changer d’emplacement, des hommes sont envoyés en éclaireurs, à la recherche du lieu idoine, les critères premiers de la terre promise étant la fertilité du sol et l’abondance des ressources en eau. D’après Nguyen Hong Ky, chercheur en culture ethnique des Hauts-plateaux du Centre, il n’existe pas de village Ede sans fontaine.  

«Cette région a deux saisons distinctes, dont une saison sèche caractérisée par un soleil accablant et une chaleur étouffante», nous dit-il. «Un conte Ede nous dit qu’en cette saison, les animaux et les hommes ne peuvent vivre que grâce aux rosées, ce qui en dit long sur l’importance primordiale de l’eau dans leur vie. »

Le culte de la fontaine a donc lieu à la fin de l’année lunaire, quand les récoltes sont terminées. Sous les auspices du patriarche, les villageois se mettent d’accord sur la répartition des tâches. Les jeunes nettoient la fontaine et remettent en état le chemin y conduisant. Quant aux femmes et aux personnes âgées, elles balayent les maisons et allées villageoises, chaque personne souhaitant apporter sa part à la fête commune. Le maître de cérémonie, lui, est intronisé «maître de la fontaine», un titre honorifique particulièrement recherché, comme nous l’explique Y Duc E Ban, un Ede.

«Le maître de la fontaine est le chef d’une lignée familiale», nous précise-t-il.  «C’est lui qui décide du choix des offrandes et qui dirige la conduite des rites de culte.»

Juste avant la cérémonie, les villageois érigent un portique en bambou, avertissant ainsi que c’est le jour de culte et que personne n’a le droit de prendre de l’eau à la fontaine. Un autre portique en feuilles tressées sur laquelle on accroche des objets de décoration est installé sur la fontaine. Les offrandes comprennent un cochon ayant une tâche blanche sur la tête et une jarre d’alcool à siroter avec des chalumeaux. Et comme à toutes les fêtes Ede, les joueurs de gongs sont présents. Une fois les offrandes déposées, le chaman invoque les divinités des quatre coins cardinaux et singulièrement le génie de l’eau, ainsi que les ancêtres, les priant de veiller sur le bien-être des villageois.

Le culte de la fontaine des Ede - ảnh 2 Photo Hoàng Anh/Báo Tin tức

Après cette partie rituelle, les villageois, chacun à leur tour, s’approchent de la fontaine, prenant de l’eau dans des gourdes sèches qu’ils mettront dans leurs hottes et ramèneront chez eux. Ils croient en effet que cette eau leur apportera bonheur et prospérité. Le maître de cérémonie se rendra ensuite dans chaque famille, accompagné d’un cortège qui chantera pour apporter chance à celle-ci. Enfin, tout le monde se retrouvera à la maison communautaire pour festoyer, boire et danser au son des gongs.

Noi nen tieng chieng

En plus d’être spirituel, le culte de la fontaine des Ede est un moyen de sensibiliser tout un chacun au respect de l’eau et de la nature.

Aujourd’hui, tous les villages Ede disposent de puits, mais la majorité des habitants maintiennent toujours cette habitude d’aller chercher de l’eau dans la nature. Aussi la fontaine reste-t-elle l’espace communautaire par excellence, où jeunes et moins jeunes viennent non seulement pour prendre de l’eau, mais aussi pour se rencontrer et s’amuser.

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