Le gage d’amour des Choru
Vinh Phong -  
(VOVWORLD) - Pour les Choru, pas de couple sans bagues aux
doigts. Ces anneaux en argent, ils ont une façon qui leur est propre de les
produire. Le moule est fait de cire d’abeille, d’argile et… de bouse de buffle.
Voilà déjà une originalité bien marquée, mais des originalités, il y en a
d’autres !
Photo : baolamdong.vn
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Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, tous
les Choru portent des anneaux en argent, surtout à l’occasion des fêtes. Et parmi
les offrandes de mariage que la famille du garçon réclame à celle de la fille -
matriarcat oblige -, figurent deux bagues en argent. Luong Thanh Son,
spécialiste des cultures ethniques des hauts-plateaux du Centre :
«Ces bagues expriment l’amour du couple. Elles
doivent toujours exister par paire: si l’une vient à disparaître, c’est un
signe néfaste pour le couple.»
Minutieusement sculptées, les deux bagues sont
pourtant différentes : il y a une bague «femelle», appelée sri et une bague
«mâle», appelée sra. Les Choru fabriquent eux-mêmes leurs bagues; ils ont
même un village spécialisé dans ce métier, qui se trouve à Tu Tra, une commune
de la province de Lam Dong, rattachée au district de Don Duong. Comme nous vous
le disions en introduction, les principaux matériaux constitutifs du moule sont
la cire d’abeille, l’argile et… la bouse de buffle. La cire est liquéfiée par
chauffage. L’artisan y enfonce une baguette de bois qui, une fois refroidie,
donnera un tube de cire. Il coupera ce tube en anneaux plus ou moins grands,
correspondant à des doigts de tailles différentes. Les motifs sont eux aussi faits
à partir de cire d’abeille. Trois fils de cire forment une frange. Après avoir
formé la bague, l’artisan la trempe dans un mélange de bouse de buffle et d’argile,
le tout étant mis à sécher au soleil pendant une demi-journée ou une journée
entière, avant d’être brûlé au charbon. La cire se liquéfiera alors et le
mélange bouse de buffle-argile restant formera le moule définitif. L’argent
liquéfié est ensuite versé dans le moule, et on obtient ainsi la bague. La
bague femelle est prête après vernissage. Quant à la bague «mâle», en plus
d’être vernie, elle sera incrustée d’un pépin de ko nia, sorte d’amende sauvage
typique de la contrée, un pépin de couleur rouge. Résumé en quelques lignes, le
travail du fabriquant de bagues Choru est pour ainsi dire très compliqué, comme
l’explique Ya Tuat, maître artisan de son état, qui a dû apprendre pendant
trois ans avant de pouvoir fabriquer sa première bague. Cela fait 20 ans qu’il
pratique ce métier :
«Ma vie est associée aux bagues. J’ai transmis
mon savoir à des apprentis qui sont devenus des passionnés du métier.»
Outre les bagues de mariage, les anneaux en
argent font partie des parures dont tous les Choru raffolent. Voilà une marque
d’identité originale que bien d’autres peuples peuvent leur envier…
Vinh Phong