Le génie du feu des Kho Mu

(VOVworld) - Vivant au milieu de la nature, les Kho Mu vénèrent le génie du feu, synonyme pour eux de chaleur, de prospérité et de bonheur. Mais leur façon de faire du feu est pour le moins originale, de même que leur manière d’installer plusieurs foyers dans une même maison.

Le génie du feu des Kho Mu - ảnh 1
Photos: Vietnam Illustré

Traditionnellement, les Kho Mu font du feu avec du bambou. Et tout ausi traditionnellement, les hommes doivent apprendre l'art du feu dès leur plus tendre enfance. Il leur faut un tube de vieux bambou de 70 cm qui garde encore toute son écorce solide. On le fend en deux. Sur une moitié, on perce un trou dans le creux. L’autre moitié étant une nouvelle fois fendue en deux, une partie sera aiguisée à une extrémité pour être enfoncée dans le trou, et l’autre sera utilisée pour être frottée sur cette planchette. Plus le frottement est rapide et puissant, plus le bambou est vieux, plus vite le feu sera produit. Dès qu’une odeur de brûlé se dégage, on utilise des herbes sèches pour allumer et entretenir le feu obtenu.

Cette pratique ancestrale, dont aucun Kho Mu ne saurait dire de quand elle date, a entraîné avec elle toute une panoplie d’habitudes et de croyances relatives à la construction des maisons, à l’installation de la cuisine et au culte du génie du feu. Pyrolâtres par tradition, les Kho Mu installent plusieurs foyers dans leur maison pour abriter ce fameux génie, symbole de vie et de renaissance, comme nous l'explique Vi Van An, chercheur au musée d’Ethnographie du Vietnam :

«Une maison Kho Mu typique comprend trois pièces. L’escalier mène directement vers la pièce de gauche, qui contient un foyer destiné aux repas quotidiens. Au-dessus de ce foyer se trouve une étagère servant au séchage des denrées alimentaires. Et c’est à côté de ce feu que l’on reçoit les visiteurs.»

Le génie du feu des Kho Mu - ảnh 2

Ce premier foyer dont parlait Vi Van An est le plus convivial dans une maison Kho Mu, puisque c’est là que les femmes causent et échangent leurs confidences. Le deuxième foyer, qui se trouve dans la pièce centrale de la maison, est exclusivement destiné aux cérémonies de culte. Seuls les membres de la famille peuvent entrer dans cette pièce qui est strictement interdite aux étrangers. Vi Van An :

«Aux yeux des Kho Mu, les ancêtres, synonymes de supériorité et de pureté, ne doivent pas partager la cuisine du commun des mortels. Il leur faut leur cuisine à eux. C’est dans cette cuisine que les Kho Mu abattent les buffles et les bœufs qui servent d’offrandes à leurs ancêtres.»

La troisième pièce abrite le troisième foyer qui est spécialement destiné à la préparation du nouveau riz gluant en hommage à la Mère du riz, une divinité importante des Kho Mu. Tous les ustensiles utilisés dans cette cuisine sont sacrés et gare à ceux qui oseraient les emporter ailleurs !

Modernisation oblige, bien des coutumes anciennes ont disparu, mais les Kho Mu tiennent toujours à leurs génies du feu et de la cuisine: c'est un pan de leur culture ancestrale, qui continue à leur chauffer le cœur.


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