(VOVWORLD) - La province d’An Giang, dans le sud du Vietnam, abrite une communauté cham musulmane qui perpétue bien des traditions ancestrales. Intéressons-nous aujourd’hui à leur mariage.
Photo: Kim Cuong |
Dans cette communauté, un mariage en bonne et due forme dure trois jours. Au premier jour, chaque famille organise une réunion pour confectionner trois types de gâteaux appelés habum, tapaikagah, gti kling, ainsi que du riz au curry. Au deuxième jour, chaque famille organise une cérémonie de prières pour le bonheur du marié ou de la mariée. Et au troisième jour, le marié est amené par sa famille chez sa femme.
À l'approche du mariage, la famille du marié apporte à la famille de la mariée un plateau de fruits, de larges écharpes servant de jupes, des foulards et un kit couture, ainsi qu’une enveloppe contenant de l’argent destiné à la préparation des repas nuptiaux. La mariée portera, le jour du mariage, les vêtements que lui ont préparés les femmes de sa belle-famille, comme l’indique Risola, une Cham musulmane d’An Giang.
«Une fois que la famille de la fille a accepté la proposition de la famille du garçon, celle-ci viendra lui donner de l’argent pour préparer le mariage. La somme peut varier en fonction des moyens de chaque famille», explique-t-elle.
Quelques jours après la remise de cadeaux par la famille du marié, celle de la mariée lui rend la pareille en apportant un plateau de gâteaux.
Dans un mariage des Cham musulmans, la cérémonie la plus importante s’intitule Ijab & Kabul. Lors de cette cérémonie organisée chez la mariée ou dans la mosquée, le père de la mariée confie à son gendre la responsabilité de protéger et de soigner sa fille.
La mariée se vêt d’une tunique en velours descendant jusqu’aux genoux, les cheveux étant couverts d’une voile blanche en dentelles. Elle porte un collier et plusieurs bracelets et bagues en or. Le marié, lui, arbore la tunique blanche typique de l’islam et le turban destiné aux grandes fêtes des Cham.
Après le dîner nuptial, le couple va ramasser les 10 pièces de monnaie que leur famille a mises dans un bassin d’eau installé dans leur chambre. Selon la tradition, celui ou celle qui ramasse le plus de pièces aura une voix plus décisive dans la vie conjugale à venir…
Photo: Kim Cuong |
Dans la communauté des Cham musulmans, un mariage est l’affaire de tout le village qui vient prêter main forte aux deux familles. La famille du marié le conduit chez sa femme. À l’arrivée, un dignitaire du village prend la main du marié par l’intermédiaire d’un mouchoir et le fait entrer dans la maison, au son de la fanfare villageoise, comme nous l’explique Sathina, une Cham musulmane d’An Giang.
«Le marié s’habille tel un roi. Auparavant, les mariés allaient chez leurs mariées en tuk-tuk. Aujourd’hui, ils se déplacent en voiture», note-t-elle.
Après le mariage, le marié passera au moins trois nuits chez sa femme. Après, c’est en fonction des négociations entre les deux familles qu’il continuera à y vivre ou que sa femme le suivra chez lui. Selon la tradition, le premier cas est plus récurrent, comme l’indique Hazi Saly, un Cham musulman d’An Giang.
«Selon la charia, l’homme a droit aux deux tiers du patrimoine familial et la femme n’a droit qu’à un tiers. C’est pourquoi, l’homme doit accomplir ses responsabilités envers sa femme et ses beaux-parents. Le jour du mariage, la famille du marié doit préparer un festin auquel il convie tout le village. Tous les villageois sont d’ailleurs invités à amener cet homme heureux chez sa femme», précise-t-il.
Avec le temps, quelques formalités ont été simplifiées. Au troisième jour du mariage, le couple peut s’abstenir des rites de lavage des pieds et de ramassage de pièces de monnaie. Il n’est non plus obligatoire que la principale cérémonie ait lieu dans la mosquée. Elle peut se dérouler chez la mariée.