Le pouvoir des patriarches villageois chez les Bahnar
Tô Tuân -  
(VOVWORLD) - S’il y a un point commun aux nombreuses communautés ethniques vivant sur les hauts plateaux du Centre, c’est bien le respect absolu accordé au patriarche du village. Mais alors, quel est son profil type, à ce patriarche? Il s’agit d’une personne âgée qui a été dans sa jeunesse un valeureux combattant ou un excellent producteur, et qui possède suffisamment de charisme pour fédérer les villageois.
Photo d'illustration |
Les minorités ethniques du Tây Nguyên ont élu domicile en haute montagne. De par leur mode vie, elles sont aussi dépendantes de la nature… que des traditions. Chez les Bahnar, le patriarche villageois est considéré comme le juge suprême. Droit, intègre et impartial, c’est lui qui a le dernier mot dans toutes les affaires communautaires, affirme Bùi Van Dao, ancien directeur de l’Institut des sciences sociales de la région du Tây Nguyên.
«Autrefois, chaque village Bahnar disposait d’un groupe de conciliateurs présidé par le patriarche villageois. Leur rôle était de résoudre les contentieux locaux», explique-t-il. «Dans la quasi-totalité des cas, ils prônaient la réconciliation entre les protagonistes. Le cas échéant, ils prenaient des sanctions à caractère plutôt dissuasif pour que le contrevenant ne récidive pas.»
Aujourd’hui, ce tribunal des mœurs n’existe plus. C’est le patriarche qui en tient lieu, car même s’il n’est pas un génie - le mot «génie» étant ici à prendre dans son acceptation spirituelle -, il n’en demeure pas moins l’appui spirituel de la communauté. Le soir, à côté du foyer, il reçoit les villageois venus lui demander conseil. Les administrations locales ont bien compris son importance particulière. Si auparavant les patriarches villageois n’avaient pour fonction que de veiller au respect des mœurs et des coutumes, aujourd’hui ils collaborent avec les autorités politiques dans la sensibilisation au respect des décisions du Parti et du droit national.
Tô Tuân