(VOVworld) - Les Dao Khau, également appelés Kim Mien, passent pour être les premiers Dao à s’être implantés au Vietnam. C’est à Lai Chau, une province montagneuse située à la frontière entre le Vietnam et la Chine, qu’ils se sont établis, et notamment à Sin Ho, où ils sont particulièrement nombreux.
Une jeune fille Dao "Khau". Photo: Dulichgo |
Les Dao « Khau », donc… Mais pourquoi ce nom ? Pourquoi « Khau » ? Tan Mi Van, qui habite dans la commune de Ta Phin, a bien voulu éclairer notre lanterne : « Khau, ça veut dire coudre. Il faut dire qu’on confectionne nous-mêmes nos vêtements. Autrefois, on ne savait ni broder, ni filer, mais on maîtrisait bien la couture ! Alors, c’est pour ça qu’on nous a appelé les Dao « Khau », les Dao qui cousent bien, autrement dit… »
Cette explication aura certainement de quoi faire plaisir à tous les adeptes du fil et de l’aiguille. Mais apparemment, les ethnologues ne sont pas convaincus, en tout cas, pas le docteur Vi Van An, du musée d’Ethnographie du Vietnam, qui attribue cette appelation, « Khau », donc, aux Dao de Sin Ho. Les Dao Khau sont en effet une sous-branche des Dao Rouges. Vous avez suivi ? Non ? Explications de Vi Van An: « Les ethnologues classent les Dao Khau dans le groupe des Dao Rouges, tout simplement parce qu’on trouve des ourlets rouges sur leurs vêtements. Mais les Dao Khau, eux, refusent cette classification. Ils estiment qu’ils appartiennent à une branche plus ancienne, appelée « Dai Ban », c'est-à-dire « ceux qui sont arrivés les premiers ».
Photo: VOV
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Les Dao Khau ont donc fait de Sin Ho, un district de la province de Lai Chau, leur terre d’élection. Bien leur en a pris ! A Sin Ho, étant donnée l’altitude et les très nombreux ruisseaux qui coulent, la température reste toujours très douce, quelle que soit la saison. Cela dit, tout a un prix. Les gelées blanches, la brume et les crues meurtières sont en effet le lot des Dao Khau de Sin Ho. Alors, pour se prémunir de ces petites tracasseries, ils ont dû s’adapter. « Autrefois, on construisait nos maisons avec du bois et de la paille, nous dit Vi Van An. C’était rudimentaire ! Aujourd’hui, on utilise de la brique brute pour les murs et des plaques de ciment pour le toit. L’autel des ancêtres est toujours dans la pièce centrale. Mais les chamans et les médecins ont chez eux des autels dédiés au fondateur de leur métier. »
Alors que les autres groupes Dao cultivent principalement le maïs, les Dao Khau pratiquent la riziculture inondée, comme les Kinh. Ils élèvent aussi des boeufs et des chèvres. A Sin Ho, on peut d’ailleurs trouver des troupeaux de chèvres comptant plusieurs centaines de bêtes.
Chez les Dao Khau, les femmes sont donc d’excellentes couturières. Elles revêtent de longues tuniques teintées en indigo, dont les pans sont repliés et fixés par une ceinture. Sur le devant, les pattes de boutonnage sont bordées de franges rouges. Quant aux manches, elles ont des ourlets verts. Et sur le dos, on trouve des sapèques en argent et des verroteries multicolores. Au niveau de la tête, enfin, les femmes portent une coiffe très caractéristique : un ruban noir en coton de forme triangulaire.
Les hommes, puisqu’il faut bien parler d’eux, tout de même, excellent dans la confection des outils ménagers en bambou ou en rotin. Ils forgent eux-mêmes leurs instruments aratoires : pioches, herses, socs de charrue, mêmes des fusils à silex.
Voilà, vous savez tout, ou presque, sur les Dao Khau. A la semaine prochaine !