(VOVworld) – On ne peut pas parler des Hauts plateaux du Centre du Vietnam sans parler des instruments musicaux en pierre dont les plus réputés sont sans conteste les « Goong lu », littéralement en français, les gongs en pierres ou « lithophone ».
Les lithophones sont des instruments de musique mobiles façonnés en pierre, parmi les plus anciens que l’on connaît. Ces pierres musicales ont été fabriquées 3.000 ans avant notre ère, par les M’Nong. Ils façonnaient ces instruments à partir de schistes très denses pour obtenir un son similaire aux cloches de bronze. Les pierres plates utilisées étaient de différentes tailles. La plus longue mesure 30 cm et pèse 7 kilos, la plus petite ne mesure que 10 cm mais pèse quand même 5 kilos. Ces pierres produisent des sons différents en fonction de leurs tailles allant du grave à l'aigu. Ce qui est plus impressionnant, c’est que chaque ton lithophonique correspond à celui de l’ensemble de gongs Cung Bor.
Le premier lithophone a été découvert en 1993 par les M’Nong de la province de Dak Nong alors qu’ils pêchaient dans la rivière de Dak Kar. Un habitant a découvert trois pierres extraordinaires et à chaque fois qu’il les frappait, elles produisaient des sons incroyables. Les chercheurs ont alors entrepris de rechercher ces instruments de musiques insolites.
« Ces pierres produisent des sons inédits, pareils aux sons des cloches à l’église. Les sons émis se mêlent à l’harmonie de la forêt et nous ramènent vers la nature. » ndique le chercheur Nguyen Tam.
Au début, on utilisait les lithophones pour effrayer les animaux, des oiseaux et protéger les champs. Au fur et à mesure, ces pierres ont été utilisées comme instruments de musique et sont même devenus intruments sacrés, les seuls à être joués lors des festivités et notamment pour la fête du nouveau riz ou le sacrifice du buffle.
Pour les M’Nong, c’est un moyen d’entrer en contact avec les forces célestes et de relier le présent avec le passé. Le musicien Dieu Nhom, issu de la minorité M’Nong, et habite le district de Dak Rlap, dans la province de Dak Nong, nous fait savoir :
« Lorsque les lithophones retentissent, on se souvient de nos parents quand ils étaient vivants. C’est la voix de la forêt qui se perpétue à jamais. Nos enfants doivent persévérer cette tradition. »
Les lithophones chantent la forêt, les rivières et les montagnes et véhiculent harmonieusement les histoires du passé, la joie comme la tristesse des villageois.