Les noces des Bahnar

(VOVworld) - Les Bahnar, encore et toujours ! Comment sont-ils ? Comment vivent-ils ? Où vivent-ils ? Bon, c’est bien tout ça, mais… comment se marient-ils ? Que les puritains se rassurent, s’il est un point sur lequel ils ne transigent pas, c’est la monogamie. Pour le reste…

Les jeunes Bahnar ont le droit de choisir eux-même leur futur conjoint, sans y être contraints par leurs parents. Les jeunes hommes au cœur droit et plein de force virile ont la faveur de ces demoiselles, qui en pincent surtout pour les valeureux chasseurs, paraît-il…  Quant à ces preux chevaliers des contrées ethniques, ce qu’ils apprécient par-dessus-tout chez leurs consoeurs, c’est leur habileté manuelle, leur talent de tisseuse, ou de vannière le cas échéant…

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Les jeunes hommes ne manquent aucune des nombreuses fêtes qui rythment la vie de leur village. Celles-ci leur donnent en effet l’occasion de boire à en perdre la raison, mais aussi de rechercher l’âme-sœur. Deux par deux, les jeunes gens se rassemblent autour des jarres d’alcool pour se susurrer des mots d’amour… Là où les choses se gâtent pour le profane, c’est que les jeunes Bahnar ont coutume de se pincer entre eux pour se manifester leur attachement naissant et réciproque! L’intensité d’un amour se mesure même au nombre de pinçons qu’arborent les tourtereaux…    

Comme vous le savez déjà, chez les Bahnar, ce sont les femmes qui décident ! Ce sont donc elles qui prennent les choses en main pour leur mariage. La tradition veut qu’à 14-15 ans, une jeune fille commence déjà à préparer cent fagots qui seront offerts, plus tard, à ses beaux parents. A Tum, un Bahnar de la province de Dak Lac :

« Pas de fagot, pas de mariage ! C’est à prendre ou à laisser ! On ne badine pas avec la tradition, ici ! Un mariage, ça se prépare très longtemps à l’avance. Et rien de tel que des fagots bien ficelés pour s’attirer les faveurs de ses futurs beaux-parents. »       

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Bon, c’est bien joli, tout ça, mais n’allez pas croire que l’on puisse s’en tirer avec des fagots bien ficelés ! Les parents n’ont donc pas la voix au chapitre pour ce qui est du choix de l’époux ou de l’épouse de leur rejeton. Mais rassurez-vous, ils sont tenus au courant, tout de même ! Les jeunes hommes ont de toute façon besoin de l’assentiment de  leurs parents avant de faire appel aux bons offices d’un entremetteur.    

Les Bahnar ont un rite qui s’apparente tout à fait à nos fiancailles. Les deux futurs époux s’offrent des bracelets, en aluminum pour la jeune fille, en cuivre pour le jeune homme, tout cela sous les regards, ému, de leurs parents, ou de l’entremetteur. Désormais, les deux tourtereaux s’appartiennent mutuellement. Et toute autre relation amoureuse est considérée comme adultère.

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Le moment propice pour le mariage tombe souvent après la récolte, lorsque les dépôts sont remplis de riz et que l’on peut faire bombance, le cœur tranquille.  Lorsqu’arrive le jour faste, qui coïncide souvent avec la pleine lune, la famille du marié apporte un poulet et une jarre d’alcool au chalumeau au rong pour faire une offrande aux dieux. Dinh Xê, un participant :

« On place des objets métalliques, peu importe lesquels, au-dessus de la jarre d’alcool avant de commencer les rites. On demande aux Dieux de prendre les mariés sous leur protection et de leur accorder de beaux enfants. »

Voilà pour les rites ! Passons maintenant aux choses sérieuses, c'est-à-dire au grand banquet auquel est convié tout le village. Faut-il le préciser, les jarres d’alcool au chalumeau sont mises à rude contribution ! On chante, on ripaille, on trinque, on retrinque, on surtrinque ! En fin de soirée, la jeune mariée est amenée chez son mari par l’entremetteur, qui a pour mission de tendre la couverture nuptiale. A noter d’ailleurs, à propos de l’entremetteur, que celui-ci est recompensé généreusement par les deux familles dès le lendemain.    

Une petite remarque avant de finir ! Les jeunes couples ont de plus en plus tendance à délaisser le domicile parental pour aller s’établir de leur côté et former ainsi une nouvelle cellule de la communauté.

Voilà, vous savez tout ou presque ! A bientôt pour de nouvelles pérégrinations ethnico-chromatiques !


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